Avis de Kingsale : "ouvrage de haut niveau dans une collection qui ne l'est pas moins"
Rappelons que l'on doit l'idée de cette collection éditée par Perrin à Louis Bergeron, qui fut directeur d'études à l'EHESS. A l'origine, la collection s'appelait Histoire et fortunes. Depuis, pour une raison qui nous échappe, Perrin a décidé d'abandonner ce titre sans en mettre un nouveau, de sorte que l'acheteur des Dynasties alsaciennes ne sait pas qu'il existe une douzaine de livres sur le même thème (bordelaises, marseillaises, lyonnaises, normandes, du Nord, etc.). Pour le moins déconcertant !
L'ouvrage est découpé en quatre parties suivant la chronologie : Racines, Ascension, Épreuves (guerres de 70 et de 14), Crépuscule. Très savant et très bien écrit, il nous apprend beaucoup de choses sur des familles connues, Dietrich, Schlumberger, Dreyfus, Dollfus, Turckheim, Kœchlin, Mieg, et d'autres plus discrètes mais non moins intéressantes, comme les Zuber, du papier peint, et les Burrus, du chocolat, ou d'autres encore qui n'ont réussi qu'après avoir émigré.vers Paris ou d'autres provinces : les Oberthur, imprimeurs dans l'Ouest, les Bader à l'origine des Galeries Lafayette, les Wildenstein, grands marchands d'art, les Weiller, de la toile métallique aux moteurs d'avion.
Il n'est pas seulement ici question d'industrie et de commerce, mais aussi de politique, avec le grand Scheurer-Kestner, et de science avec de nombreux inventeurs, les Kœchlin, les Dollfus (dont Audouin, alter ego du Suisse Piccard), les Curie, alsaciens d'origine. On trouve aussi quelques artistes et quelques grands mécènes comme Paul-Louis Weiller ou Albert Kahn. Page 315 et suivantes, passionnant chapitre sur les Dreyfus et l'affaire, qui donne un éclairage nouveau sur cet épisode si connu de l'histoire de France, et montre combien la famille a été digne et soudée..
Seul bémol, une dynastie ni d'origine alsacienne ni protestante a été éliminée. On pourrait croire à un oubli de la part de nos auteurs si on ne la voyait absente des développements sur les forges du Bas-Rhin des Dietrich, sur le Zornhoff des Goldenberg, ou sur les filatures vosgiennes des Steinheil.... Par ailleurs, les Gimpel sont tout juste mentionnés comme industriels du textile, mais nos auteurs semblent ignorer que leurs descendants ayant opté pour la France ont fait une brillante carrière de marchand d'art, aussi réputés que les Wildenstein il y a un siècle (voir de René Gimpel, Journal d'un collectionneur)
Pour connaisseurs Quelques illustrations Plan chronologique