Zamor

A peine le livre ouvert que déjà une très belle surprise : la préface est rédigée par Michel de Decker ! Je pense aussitôt qu'après le succès de son premier ouvrage, « Rosalie Lamorlière - La dernière servante de Marie-Antoinette », Ludovic Miserole est reconnu en tant qu'historien et cela me paraît tout à fait justifié.

Puis, je découvre ce « nègre républicain », enfant arraché des bras de sa mère au Bengale et laissé dans ceux de la célèbre Madame du Barry. Je balancerai sans cesse, tout au long de ma lecture, entre sentiments de pitié, colère, tristesse pour lui mais aussi contre lui ! Car comme tout homme, Zamor est rempli de contradictions – l'auteur nous le fait vraiment ressentir – et c'est sans doute ce qui le rend si humain et même attachant malgré ses défauts.

Ne devrait-il pas être reconnaissant à sa « maîtresse » de le laisser vivre dans un palais, de le nourrir, de l'éduquer ? Bien sûr qu'il l'est, mais il aurait tant voulu en sus être aimé ! Non pas comme un jouet, comme un bouffon du roi (en l’occurrence de la maîtresse du roi), mais comme un enfant désiré.

Malheureusement, la vie à la Cour n'est pas synonyme de bons sentiments, il s'agit de paraître, d'amuser, de s'imposer et la comtesse du Barry assume son rôle. Son affection pour son « nègre » passera donc après ses obligations, même si elle n'hésite pas ainsi à le laisser ridiculiser.

L'auteur nous permet de (re)découvrir certains aspects de la Révolution de 1789, pas forcément les plus rutilants... mais il sait nous les rendre réels avec toutes les atrocités, tous les assassinats perpétrés en son nom, les perfidies, les mensonges... La part faite à cet épisode de notre passé est entière dans ce roman, les vies se font et se défont au rythme de la guillotine.

Zamor sera plongé presque malgré lui dans l'histoire de France. A-t-il vraiment voulu voir sa bienfaitrice mourir ? Sa vengeance saura-t-elle le combler ?

Telle est l'aventure que nous propose de suivre – de vivre – Ludovic Miserole à travers ce récit passionnant.