Avis de Zaynab : "À moi, comtesse, deux mots sur l'incendie de Moscou en 1812 par votre père"
Lorris Murail imagine des circonstances qui amènent vers 1855 la Comtesse de Ségur, en son château des Nouettes dans l’Orne à raconter à ses petites-filles Camille et Madeleine comment, non elle vit vraiment brûler Moscou (car elle était à près de trois cent kilomètres de là à Iaroslavl) mais comment un sous-officier français et un criminel russe libéré lui ont raconté l’incendie.
Le piquant de l’affaire est, comme on le sait, que le père de la future comtesse de Ségur est le gouverneur de l’ancienne capitale russe et que c’est lui qui ordonne son incendie. Alors âgée de treize ans elle peut, selon la narratrice, faire preuve d’une naïveté qui donne au récit tantôt les couleurs de l’humour et tantôt permet d’insister par ce nouvel angle sur une information. Ainsi on peut lire, après qu’on lui est appris que le servage n’existait plus en France:
« Une chose m’intriguait particulièrement, si bien que je pus m’empêcher de poser la question :
"Qui leur donne le fouet dans ce cas ? » (page 29)
« Le gouverneur est un homme fort honorable, dis-je, et je ne doute pas qu’il ait agi selon sa conscience » (page 58)
Des pages documentaires traitent successivement de la Retraite de Russie puis de l’arrivée en France en 1817 de notre écrivaine, de la vie du comte Fiodor Rostopchine (le père de Sophie) et de l’œuvre littéraire de la Comtesse de Ségur. Lorris Murail, comme ses sœurs Elvire et Marie-Aude Murail est un talentueux auteur de littérature de jeunesse et il sait trouver le ton adéquat pour soutenir l’intérêt d’un lectorat qui serait ici plutôt de collégiens. Il laisse au jeune lecteur le soin de se faire une opinion personnelle sur les conséquences de l'acte le plus connu de son père sur le destin de Sophie.
Accessible jeunesse Peu d'illustrations
