Avis de Xirong : "La vie coloniale de Baden-Powel creusée depuis Marcinelle cité minière"
Toutefois ici pour cette biographie, le nombre de mots par case est important. D’ailleurs certaines réflexions, fort porteuses d’un racisme sous-jacent encore présent entre 1948 et 1950 où cette histoire est publiée, alourdissent dans tous les sens du terme le récit. Ainsi page 62 les Ashantis (de la colonie anglaise de la Côte de l’or, devenue le Ghana) pratiquerait d’horribles sacrifices humains et pour les combattre le héros garde en mémoire le proverbe "Tout doucement… Tout doucement se capture le singe". Les porteurs, toujours page 62, sont présentés comme des fainéants qu’il faut menacer de mort pour qu’ils travaillent. Deux pages plus loin, on peut lire :
« Pendant ce temps, le roi Bekwai s’avançait à la rencontre de "ses hôtes", déployant avec ostentation toute la pompe barbare de sa petite cour »
Parmi les aventures on relèvera que Baden-Powell mène une mission aux Dardanelles pour repérer l’emplacement des forts turcs, sûrement vers 1890 (le récit est fort avare en dates). Le héros a donc eu des activités d’espion et a réinvesti cette expérience dans le scoutisme.
Ce récit raconte la vie de Baden-Powell, à partir de ses treize ans avec quelques aventures dans un collège du Surrey et en mer avant l’entrée du héros dans l’armée. Le récit permet de suivre les aventures coloniales du héros : Inde, Côte de l’Or, Guerre des Boers en Afrique du sud. Les missions d’espionnage ou de chasse l’emmène dans d’autre univers comme l’Angola, la Russie, la Turquie. Seules les pages 88 et 89 du récit sont consacrées à l’action dans le scoutisme, alors que la dernière page de BD présente son épouse. Trois pages documentaires, écrites vraisemblablement spécialement pour cet ouvrage, évoque le développement du scoutisme sous l »impulsion de Baden-Powell.
Les couleurs criardes de l’époque ont été revues et l’ambiance colorée aide à se plonger dans ce monde d’aventures, où les gags ne sont pas absents. Tant le graphisme que le contenu anecdotique évoquent bien "Les histoires de l’oncle Paul", des récits d’une petite demi-douzaine de pages qui paraissaient dans "Spirou" durant les Trente Glorieuses. "Baden-Powel" de Jijié appartient au patrimoine de la BD et on peut remercier Triomphe de nous permettre d’accéder à elle.
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