Avis de Octave : "Vierge Marie oui! Napoléon non!"
Les populations (et leurs descendants) qui refusèrent le Concordat négocié par Napoléon Bonaparte en 1802 sont rarement des personnages de roman. Personnellement nous ne connaissons que Nêne d’Ernest Pérochon où, avec une action se déroulant à la fin de la Belle Époque, apparaissent des membres de la Petite Église qui vivent dans le nord-ouest du département des Deux-Sèvres. La dénonciation du concordat en 1905 par la République française n’entraîna pas le retour dans l’Église romaine de ces dissidents.
Ces derniers se virent attribués des surnoms divers, ainsi en Bretagne on les appelait les louisets, en Saône-et-Loire les blancs, les basnieristes dans la Manche, les clémentins en Seine-Maritime, etc… Jean-Paul Desprat nous livre là un roman qui s’appuie sur en particulier une mémoire orale que l’auteur a recueilli auprès de sa mère née vraisemblablement dans les Années folles. Il signale que des contacts réguliers épistolaires existaient entre les dissidents du Poitou et ceux du Rouergue, il y eut de plus un voyage en 1838 un voyage de Rouergats enfarinés en Vendée où la comtesse de Villebois soutenait fortement cette religion (ce personnage relève ici de la fiction, nous a informé l'auteur).
Jean-Paul Desprat prend pour titre de son roman le terme qui les désignent dans l’Aveyron, à savoir "les enfarinés". Cela provient du fait que les fidèles poudraient leurs cheveux avec de la farine (faute de poudre de riz) pour assister aux offices religieux. En Rouergue, Monseigneur Colbert de Seignelay de Castlehill (d’origine écossaise), évêque de Rodez à partir de 1781, refusa successivement la Constitution Civile du Clergé puis le Concordat. Il émigra à Londres où il fut secrétaire du prétendant Louis XVII jusqu’à sa mort en 1813. Par contre l’évêque de La Rochelle, à l’origine du schisme dans le Poitou se rallia au début de la Restauration à l’Église concordataire.
Jean-Paul Desprat raconte quelle fut la vie de deux familles du Rouergue qui se placèrent dans ce qui apparaissait comme un schisme pour Rome. Ces communautés n’eurent plus de prêtre à leurs côtés depuis la fin du premier tiers du XIXe siècle et il nous est expliqué comment elles s’adaptèrent à cette absence. Le récit démarre en 1793 et se clôt en 1931 lorsque décède (dans cette fiction) le dernier dissident qui, vingt ans plus tôt, s’était rallié au catholicisme romain avec les derniers descendants des enfarinés.
Pour connaisseurs Aucune illustration
dimanche 22 avril 2018, à 14h30, dans le cadre du Festival de littérature de Saint-André-sur-Sèvre dans les Deux-Sèvres.