Avis de Benjamin : "L’homme qui a vu l’homme qui était une femme"
George Sand n’est pas seulement un écrivain, un personnage lié en son temps aux républicains, anticléricaux et socialistes utopiques (mais pas aux communards, que depuis ses séjour creusois et berrichons, elle ne comprend pas) mais aussi aux pacifistes (au XIXe siècle c’est plutôt la gauche qui est belliciste) , et depuis toujours aux féministes, elle est aussi devenue un prétexte à divers lieux de mémoire et un personnage apparaissant dans diverses fictions écrites ou filmées. Sa collaboration avec la comédienne Marie Dorval, racontée pages 44-45 par Édouard Leduc, valut en plus à Georges Sand une réputation, apparemment imméritée, de disciple de Sapho.
Dans son avant-propos, Édouard Leduc dit qu’elle a produit 109 titres et regrette qu’elle soit bien oubliée aujourd’hui. Elle est toutefois restée la grande figure du département de l’Indre. En dix parties, l’auteur reconstitue dans un très bon esprit de vulgarisation la vie de George Sand.
De très nombreux personnages sont rencontrés au fil des pages, ces derniers appartiennent à divers univers intellectuels, artistiques et politiques. Édouard Leduc fait très habilement le lien entre les évènements personnels qui frappent George Sand ou les membres de sa famille et sa création littéraire. Par ailleurs ponctuellement, Édouard Leduc pose des questions transversales comme les liens que ses parents et ses amis ont pu entretenir avec la franc-maçonnerie. Du point de vue des affirmations, on sent une grande rigueur dans la présentation des faits et le détachement par rapport à son personnage et aux amants de celle-ci. On aurait pu être plus méchant vis-à-vis de Jules Sandeau à qui Brigitte Rastoueix-Guinot a consacré une étude en 2003 aux PULIM, cette auteure a aussi écrit "George Sand et la Creuse" paru aux Éditions Lucien-Souny en 2004. L'origine de la dernière partie du pseudonyme de George Sand vient de cette aventure avec Jules Sandeau qui dira plus tard : "Elle m'a pris le sang et m'a laissé l'eau".
Édouard Leduc n’hésite pas à poser des questions gênantes comme la vision de la Commune qu’a pu développer George Sand. Par contre à la page 107 une hypothèse sur le vote de George Sand à l’élection présidentielle de fin 1848 pourrait laisser croire soit que les femmes votent à cette époque, soit que notre personnage est considéré comme un homme par l’état-civil. Il faut dire qu’à la fin de l’ouvrage, l’auteur cite Flaubert qui écrivit à Tourgueniev, à propos de George Sand :
« Il fallait la connaître comme je l’ai connue pour savoir tout ce qu’il y a de féminin dans ce grand homme, l’immensité de tendresse qui se trouvait dans ce génie… Elle restera une des illustrations de la France et une gloire unique ». (page 148-149)
On apprécie que dans les dernières pages soit présentée une chronologie de la vie de George Sand de sa naissance en 1804 à sa mort en 1876 qui précède un index des noms des personnes citées et la liste des œuvres auxquelles s’est référé Édouard Leduc dans le corps de l’ouvrage "La dame de Nohant ou La vie passionnée de Georges Sand".
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1 octobre 2019 à 14h30.
https://www.unidivers.fr/rennes/lecriture-des-femmes-de-1700-a-1840-espace-mendes-france-2019-10-01/