Avis de Zaynab : "Et le régent devint instituteur"
En fait le titre complet est La vocation enseignante: Une histoire de la professionnalisation des instituteurs en France 1789-1914. Le qualificatif de "régent" est en usage sous l’Ancien Régime et ce n’est que progressivement que le terme "instituteur" le remplace ; Ernest Pérochon rappelle, dans L’Instituteur, que dans les campagnes poitevines, on l’appelait encore "régent" avant 1914.
Après cette première partie intitulée "La demande en éducation", vient la seconde "L’Étatisation de l’enseignement". Christophe Danvers remonte même avant 1789 puisqu’il évoque l’expulsion des jésuites de 1762 ; à cette époque, ces derniers scolarisent 150 000 élèves au niveau du secondaire. Ceci amène l’État à penser à une organisation de l’enseignement et en urgence à définir un mode de recrutement des maîtres. La Révolution française va poser le principe d’éducation nationale et on sait que d’âpres débats ont lieu durant cette époque, en particulier sous l’égide de Condorcet.
Le troisième volet traite de la naissance progressive d’un corps enseignant tout au long du XIXe siècle. On sait qu’auparavant l’enseignant ne faisait classe essentiellement que l’hiver et avait un autre métier pour le faire vivre. Si l’enseignement laïc progresse, les instituteurs ont pour supérieur direct non officiel le curé du village qui peut les faire déplacer s’ils se montrent notamment réticents à accomplir certaines tâches dans l’intérêt de la paroisse.
La dernière partie rapporte en particulier la réflexion sur un enseignement moins abstrait plus centré sur l’univers des classes populaires (paysannes ou ouvrières) et même une réforme de l’enseignement du français qui limiterait l’enseignement grammatical à un strict minimum et simplifierait l’orthographe. Certains instituteurs s’y opposent d’ailleurs au nom d’une indigence intellectuelle qu’on imposerait aux élèves et du fait qu’ils se sentiraient eux-mêmes humiliés à faire passer un ersatz (avant l’heure) de connaissances de la langue française. Est exposée la question du syndicalisme enseignant interdit mais relativement toléré dans les années qui précèdent le déclenchement de la Première Guerre mondiale. On termine avec l’image portée de l’instituteur par une certaine presse et quelques romans de la Belle Époque.
Pour tous publics Aucune illustration