Les lumières de l'an mille

Pierre Riché est un historien du Haut Moyen Âge, défenseur d'une vision positive de l'an mille. Car, écrit-il dans Grandeurs de lan mille (2008), « l'an mille a traditionnellement mauvaise réputation » (p.7). Il est par ailleurs un spécialiste reconnu des Carolingiens, mais aussi de l'éducation et de la culture. Tout au long de sa carrière, il signe des études sur des personnages importants de la période. Un Césaire d'Arles en 1951, Gerbert d'Aurillac, le pape de l'an mil (540-604) en 1995, un Charlemagne l'année suivante, et enfin un Abbon de Fleury : un moine savant et combatif en 2004. Au vu de son impressionnante bibliographie, qui va de 1951 à 2013, soit une soixantaine d'années, il paraît évident que Pierre Riché connaît dans les moindres détails sa période de prédilection. Son dernier livre, celui dont il est question ici, Les lumières de l'an mille, est un recueil d'articles, sorte de synthèse des connaissances de l'auteur sur les Xe et XIe siècles. Il y est question de l'Europe de l'an mille, du millénarisme et de l'évangélisation, de l'image de l'évêque en France, ou encore du sentiment national et de l'humanisme. S'ajoute à tout cela des études sur Gerbert d'Aurillac, Fulbert de Chartres et Abbon de Fleury. Le livre se décompose en quatre parties :

1. La première partie est consacrée aux structures politiques et économiques.
2. La seconde aux femmes, moines et évêques en l'an mille.
3. La troisième à la troisième renaissance carolingienne.
4. La dernière à l'empereur et aux papes (996-1003).

Si la tentative pour donner une cohérence à l'ensemble me semble ratée, il n'en demeure pas moins un ouvrage précieux.

En premier lieu, il permet la réédition d'articles parfois difficiles d'accès pour le non-spécialiste (ce qui n'est pas négligeable !).

C'est en second lieu un recueil voulu par les Editions du CNRS, si l'on en croit l'auteur. Dans l'introduction, Pierre Riché cherche même à trouver une cohérence à l'ensemble. L'impression générale est tout de même que ce livre sent un peu le réchauffé. Toutefois, la publication de miscellanées n'est pas une chose rare en lettres et sciences humaines. 

En troisième lieu, ce livre permet de redonner une certaine actualité à l'an mille, d'autant que la valeur scientifique des articles sélectionnées n'est pas à démontrer, même si en néophyte que je suis, il m'est difficile de juger réellement la teneur des textes. Toutefois, pour avoir lu Les grandeurs de l'an mille (2008, 1ère éd. 1999), je puis confirmer la qualité de l'historien. Il maîtrise parfaitement les sources médiévales et l'historiographie moderne. D'ailleurs, pour confirmer mon impression de réchauffé, le plan du présent livre reprend en partie celui des Grandeurs de l'an mille.