Avis de Aby Warburg : "Un petit livre centré sur l'essentiel."
Si l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem n'est à ses débuts en Terre Sainte qu'une petite communauté de marchands amalfitains ayant reçu l'autorisation du calife d'Egypte de construire un hôpital, une église et un monastère, c'est avec la Première Croisade de 1099 que l'organisation prend réellement de l'importance. Accompagnement et protection des pélerins occidentaux, soutien des Croisés qui affluent dans la région, les Hospitaliers se rendent rapidement indispensables et bénéficient de privilèges accordés par de grands seigneurs venus en Croisade. En 1118 il est institué en Ordre religieux-militaire, et se voit placé sous la protection directe du Pape. Comme les Ordres des Templiers et des Chevaliers Teutoniques, l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem est structuré en groupes fonctionnel d'individus, à savoir les Chevaliers (les nobles à la tête des troupes), Chapelains (religieux proprement dits) et Servants d'Armes (la soldatesque non noble). Ses richesses foncières et financières augmentent avec l'établissement de commanderies en Europe, lui conférant une certaine puissance dans la région, ainsi qu'une rénommée en Occident. Mais l'histoire des Hospitaliers en Terre Sainte ne dure pas. Les victoires de Saladin et la chute de Jérusalem (1187) finissent par provoquer son départ pour le Comté de Tripoli (Syrie), puis son déplacement, d'abord à Chypre, puis enfin sur l'île de Rhodes (1307). C'est à partir de ce moment que l'Ordre, renommé Ordre de Rhodes, acquiert ses premières expèriences de guerre maritime. Maîtres incontesté de l'île, les Hospitaliers pratiquent la guerre de course, faisant partir des galères contre les navires turcs ou les bases ottomanes. En 1522, après avoir été chassé de Rhodes par les Ottomans, l'Ordre se trouve en errance en Europe, et obtient de la part de la couronne d'Espagne la gestion de l'île de Malte et de Tripoli sur la côte lybienne. Cet évènement est le début de la principale période de l'histoire de l'Ordre désormais appelé Ordre de Malte, période très maritime, allant de 1530 à 1798...
Le petit livre de la collection Illustoria traite essentiellement ces années fastes et énergiques de l'Ordre de Malte. Plutôt court, bien structuré et chapitré clairement, l'ouvrage donne connaissance des évènements historiques, de l'implantation à Malte à son organisation de courses maritimes en Méditerranée. Chronologique sur ses deux premiers chapitres, de la naissance à Jérusalem à l'installation sur Malte, le livre devient plus thématique sur le troisième, expliquant les différents aspects de la course en mer. Raisons politiques de cette pratique corsaire, fonctionnement matériel, financier et humain de cette course, règlementation, routes maritimes, transformations de la société vivant à Malte, avec l'augmentation du nombre d'esclaves, contruction de forts et de ports sur l'île pour accompagner les départs en mer des "chevaliers-corsaires", les détails ne manquent pas dans un livre de taille réduite, ce qui en fait un efficace outil de connaissance pour la période. En effet, l'Ordre de Malte, à travers ses aventures en Méditerranée contre les Ottomans, allié aux puissances vénitienne, génoise et espagnole, bénéficiant d'une excellente réputation dans toute l'Europe pour son rôle de "police des mers" avec la surveillance des routes maritimes et des côtes, est représentative de l'opposition frontale et golbale entre les puissances musulmanes et chrétiennes dans une époque moderne qui fait la part belle aux épisodes marins. De par son histoire et surtout son choix de concentrer ses actions en mer, alors que la mejeure partie de ses revenus étaient au contraire terrestres, l'Ordre de Malte réussit à vivre près de mille ans, dont près de la moitié en tant que force maritime...
Pour connaisseurs Quelques illustrations Plan thématique
