Avis de Grégoire : "Marie contre Elisabeth"
On connaît la passion de Stefan Zweig pour décrire les pensées intérieures et les aspects psyochologiques de ses personnages. On aura particulièrement apprécié cette recherche dans le cas de Magellan, ou de Marie-Antoinette, qui se lisent comme des romans. Ici, cela atteint une démesure qui gâche parfois la lecture. Chaque phrase sur un trait de caractère d'un personnage déclenche en réponse une vérité générale. S'agissant d'une femme, au caractère complexe qui plus est, l'auteur ne tarit pas de généralités qui aujourd'hui seraient impossibles à écrire : en un mot ce qui aurait pu être un charme désuet (1935) ressemble plus ici à de lourds clichés masculins. Marie comme Elisabeth, sa "meilleure ennemie" et reine d'Angleterre, sont trop souvent décrites comme soumises à leurs pulsions féminines et incapables de prendre une décision simple.
En revanche, la vie de Marie Stuart est passionnante, et Stefan Zweig rend bien compte du mystère qui plane autour d'elle. En particulier, il explique bien que les "lettres de la cassette", preuve de la complicité de Marie dans l'assassinat de son mari, ne pourront jamais être considérées avec certitude ni comme vraies, ni comme fausses. Son parti, qu'il explicite clairement en introduction, est que les lettres et poèmes sont bel et bien écrits par notre héroïne, mais que son histoire personnelle et son amour inconditionnel expliquent son geste. Ainsi le personnage n'est ni une innocente victime ni une cruelle manipulatrice. Il en va de même pour Elisabeth, personnage nuancé dont le comportement oscille entre grandeur et perfidie.
Zweig établit un parallèle intéressant entre l'histoire de Marie Stuart et Macbeth, le drame de Shakespeare écrit quelques années plus tard. Les faits sont si proches, les personnages paraissent si inspirés les uns des autres (en particulier Lady Macbeth et Marie Stuart), que le roman et l'Histoire se confondent et la lecture de l'un est nécessaire pour mieux comprendre l'autre.
En conclusion, on conseillera plutôt un autre Stefan Zweig. Celui-ci vaut le coup cependant, pour l'histoire passionnante qu'il décrit avec précision et passion, avec également un contexte religieux sensible bien décrit. La scène finale de la décapitation est grandiose et poignante.
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