Magellan

Se lit effectivement comme un roman d'aventures, mais peut-être un peu trop. Magellan est présenté comme un héros sans failles, porté par un idéal qu'il devine historique. Il correspond en tout points au vieux loup de mer solitaire, avec toutes les qualités qu'on attribue généralement à ce cliché : sévère mais juste, capable de tout faire sur un bateau, ayant personnellement sauvé ses amis de la mort, etc ... Peut-être que Zweig en fait un peu trop ! Mais l'auteur est un romancier avant tout, et il cherche avant tout à cerner le caractère de son personnage, sa personnalité, ses qualités et défauts. Il est passionné et on le ressent pendant la lecture. Les autres personnages sont moins manichéens : l'esclave Henrique, les commandants des quatre autres vaisseaux parfois traîtres, parfois héroïques.

Par ailleurs, on voit que ce livre a été écrit il y a presque un siècle (1938). Notamment, au début du livre, dans un (très appréciable) condensé de l'histoire maritime jusqu'à Magellan, Zweig décrit le moyen-âge comme une époque sombre d'incultes et cruels ignorants qui n'ont en rien progressé dans l'art de la navigation. Passons.

Pour le reste, l'ouvrage se dévore. A travers mers et océans, l'amiral portugais conquière pour le roi d'Espagne (Charles Quint) un nouvel Empire, les philippines, après avoir enduré mille épreuves le long de la côte sud-américaine et trouvé le fameux paso qui lui permettra de faire le tour du monde.

J'ai particulièrement apprécié la mise en contexte, où Stephan Zweig explique bien le pourquoi de la quête du "chemin par l'Ouest". A la fin du livre, on brûle de connaître les conséquences de l'aventure de Magellan - bien décevantes : le passage sera pour ainsi dire abandonné et vite oublié. Magellan reste néanmoins le premier a avoir fait le tour du monde - ou presque, puisqu'il est mort stupidement juste avant de rejoindre les îles Moluques, et aussi le premier à avoir traversé l'océan pacifique (100 jours de navigation sans voir la terre !), océan qu'il a aussi été le premier européen à contempler. Sa maîtrise parfaite de l'art de naviguer, son sang-froid et son perfectionnisme dans les préparatifs, bien décrits dans le livre, lui ont permis de réaliser un des plus grands exploits de l'Histoire de l'humanité.

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