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Venise en Crète

Venise en Crète
INALCO370 pages
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Avis de Benjamin : "La Crète bastion avancé de l’architecture et de la peinture de la Renaissance italienne"

On sait généralement que les îles Ioniennes furent entre trois et quatre siècles (selon le territoire en question) des possessions de la République de Venise qui par ailleurs mit sous sa domination plus ou moins longtemps des îles grecques dans la partie orientale de la Méditerranée  et des lieux situés en Morée.

 

Par contre peu de francophones savent que l’île de Crète fut sous domination de la Sérénissime durant plus de quatre siècles. La Crète fut enlevée aux Byzantins par des troupes commandés par des Andalous et un émirat se perpétua là de  825 à 961 ; elle redevint byzantine pour deux siècles et demi puis tomba dans l’escarcelle de Venise à la suite de la IVe Croisade qui se termina par le sac de Constantinople. Les circonstances de cet affrontement entre francs et vénitiens alliés contre les byzantins sont bien expliquées.  

 

L’auteure ne se contente pas d’une histoire de l’enjeu géopolitique que fut l’île de Crète, dont d’ailleurs on revient dans la contribution "Justifier et légitimer l’engagement : la guerre de Candie (1645-1669) et la France" de l’ouvrage Argumenter en guerre, ce texte montrant le flou artistique de la position de la diplomatie française louis-quatorzième vis-à-vis de l’Empire ottoman.   

 

Remparts de Candie

 

Elle analyse les caractéristiques de cette société coloniale qui connaît d’ailleurs une révolte fiscale menée par les descendants des premiers latins installés sur l’île, celle-ci a pris le nom vénitien d’Apostasie de saint Titus et se déroula en 1363-1366.  Si, au nombre de 50 à 80 selon les époques,  les fonctionnaires vénitiens passent un court temps en Crète, par contre les colons s’installent et fondent des familles. Les Vénitiens ont confisqué des terres aussi entre 1211 et 1310 s'installent 10 000 membres d’une famille de la péninsule (serviteurs compris) ; vu la population réduite du territoire italien de Venise, il a été fait appel aussi à des personnes venant par exemple au XIIIe siècle de Padoue (qui ne passe sous contrôle vénitien qu’en 1405).   

 

Les Vénitiens facilitent la venue de populations non grecques comme les Arméniens et hellèniques d’anciennes possessions vénitiennes. L’île est constamment un repère de pirates (avant, pendant et après la période vénitienne) et les villages côtiers souffrent de raids de forbans musulmans ou chrétiens. De nombreuses catastrophes comme des famines, séismes et pestes déciment la population régulièrement. Toutefois entre 1534 et 1644 la population a doublé atteignant près de 290 000 habitants à cette dernière date.  La Crète est aussi un lieu de commerce d’esclaves.

 

Fêtes catholiques et orthodoxes cumulées avec des évènements extraordinaires (comme l’entrée en fonction d’un archevêque ou la mort du principal détenteur du pouvoir sur l’île), les jours fériés (dimanche non compris) dépassent la cinquantaine au XVIe siècle. Toutefois ceci ne concerne que la population urbaine et on fixe finalement une douzaine de jours obligatoirement chômés, les autres ont un statut de tolérance. Si quasiment aucun Grec ne se fait catholique par contre la conquête ottomane entraîne une forte minorité d’indigènes à se faire musulmane ; peut-être ont-ils été poussés par les avantages fiscaux ou la perspective d’intégrer les forces armées. Une étude, non citée par l’auteur, à travers l’article "Répartition des chrétiens et des musulmans dans l'île de Crête" daté de 1897 et paru dans les Annales de géographie sous le plume de R. Goyau, indique que les musulmans sont alors plus d’un quart parmi la population de l’île et qu’à de très rares exceptions près ce sont des descendants de familles indigènes  et nullement des personnes ayant une ascendance ottomane. Il est possible qu'à la fin du XVIIIe siècle, il y ait eu près de 40% des habitants de l'île se reconnaissant dans l'islam.

 

Joëlle Dalègre s’intéresse à nombre d’aspects culturels dont les traces d’une architecture italienne en Crète et les peintres issus de l’île pour la seconde moitié de ces quatre siècles d’occupation. Ceci est l’occasion de proposer des reproductions en couleurs de tableaux  au milieu d’une iconographie riche et variée. Rappelons que les grandes puissances refusent le rattachement de la Crète à la Grèce et il faut attendre la victoire grecque en 1913 dans le cadre des Guerres balkaniques pour que l’île rejoigne la mère-patrie. Peu avant cette annexion et durant une période allant jusqu'en 1923, quasiment tous les Crètois musulmans rejoignent pour partie l'espace syrien (d'autres émigrent sur divers continents) et leurs descendants parleraient encore le dialecte crétois si bien que depuis la guerre civile en Syrie, on a eu un retour de certaines de ces familles sur l'île de leurs ancêtres.   

 

idé cadeau

Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations

Benjamin

Note globale :

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