Avis de Ernest : "Un artiste lanceur d’alerte face aux exactions espagnoles lors de la conquête des Amériques"
Théodore de Bry, né dans la principauté épiscopale de Liège en 1528, est mort le 27 mars 1598 dans la ville libre impériale Francfort-sur-le-Main, une cité doté d’une cathédrale où les empereurs sont couronnés alors que la ville est passée au protestantisme. En effet cathédrale et monastères ont été rendus à l’Église catholique alors que les seuls à avoir le titre de citoyens étaient protestants. Francfort-sur-le-Main fut un centre d’accueil important de huguenots au XVIIe siècle.
Théodore de Bry est un dessinateur, graveur et éditeur protestant, son grand-père et son père étaient orfèvres à Liège. Il semblerait que menacé de bannissement par les autorités liégeoises, du fait de sa foi protestante, notre personnage ait pris les devants et se soit réfugié à Strasbourg vers 1570. Cette dernière cité alsacienne est alors une ville libre où les idées religieuses de Martin Bucer (né à Sélestat en 1491) ont pris du poids même si ce dernier avait dû fuir Strasbourg du fait des pressions exercées en 1548 par Charles-Quint sur les édiles de cette ville.
Théodore de Bry épouse Catherine Esslinger durant son séjour en Alsace, mais il gagne Anvers en 1577 (cette ville passée à la rébellion protestante retourna définitivement aux mais des Espagnols en 1585) puis Londres en 1587 avant de passer ses dix dernières années à Francfort-sur-le-Main.
Théodore de Bry a créé un grand nombre de gravures, en puisant son inspiration dans les récits des explorateurs de l’Amérique du sud (dont ceux de Jacques le Moyne de Morgues né à Dieppe vers 1533 qui a séjourné en Floride), mais bien sûr il ne s’est jamais rendu lui-même dans le nouveau continent. Ses illustrations sont pour partie une œuvre de propagande protestante visant à dénoncer les exactions des Espagnols catholiques contre les populations indigènes ; toutefois elles ne sont pas toutes porteuses de ce message et ont un intérêt ethnographique certain. Une bonne demi-douzaine des œuvres de l’artiste autour des Amériques sont reproduites dans ce livre qui compte près d’une trentaine d’illustrations.
Pour connaisseurs Quelques illustrations