Avis de Benjamin : "De la Constance dans la persécution"
C’est le récit, par une prisonnière libérée après son abjuration de la vie des femmes huguenotes retenues dans la forteresse d’Aigues-Mortes durant des années précédant et suivant celles du milieu du XVIIIe siècle. En effet la Tour de Constance, construite en 1242 pour protéger le port et la cité, servit de prison entre 1717 et 1769 à des femmes qui avaient surprises à célébrer le culte calviniste.
La narratrice est Isabeau Guibal qui, dans le récit, est censée se faire catholique en 1757, mais en vérité elle est décédée en 1745. Sa lettre de libération arrive trois jours après son décès et elle n’a jamais été protestante ; elle a été dénoncée pour sa conduite violente par le prêtre de son village, à savoir Saint-Martial: "exemple pernicieux et occasion de scandale". Elle est originaire du Vivarais comme Marie Durand.
En 1768 Marie Durand, sœur de pasteur, est libérée, après 38 ans d’enfermement. On parle aussi de Catherine Goutès qui a grandi depuis l’âge de six mois, avec sa mère Anne Falguière, dans cette tour et en sort à seize ans. Son père André Lieure, dit Goutez, est mort aux galères où il a été envoyé en raison de sa foi.
Au cours du récit des extraits authentiques des lettres envoyées par les prisonnières à leur famille sont reproduits. Une dizaine de pages évoquent les persécutions des protestants en France, l’action de Voltaire pour s’élever contre les discriminations et condamnations (à tort) dont ces derniers sont victimes. Un saut au XXIe siècle fait aborder la question des épreuves subies du fait de leur religion par les coptes en Égypte, des adeptes du Falun Gong en Chine, des chiites et chrétiens au Pakistan, les fidèles de cultes africains au Brésil. Une chronologie touchant le protestantisme français court de 1572 (Massacre de la Saint-Barthelémy) à 1589 (liberté religieuse accordée dans le cadre des Droits de l’homme) en passant entre autre par la Guerre des Camisards (1702-1704).
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