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La Gingolaise: Jeune femme soldat au destin singulier

La Gingolaise: Jeune femme soldat au destin singulier
Favre174 pages
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Avis de Alexandre : "L'autre rive est toujours plus belle. Elle se trouve toujours plus loin (Phil Bosmans)"

Voici l’histoire romancée d’une jeune fille, originaire officiellement de Saint-Gingolph,  village dont les habitants se nomment les Cingolais. Cette paroisse en question a la particularité d’être depuis 1569 coupée en deux, l’unique église est du côté ouest. La rivière la Morge servait alors de limite entre le duché de Savoie et le Bas-Valais alors sous la dépendance du Haut-Valais, lui-même autrefois sous l’autorité nominale du prince-évêque de Sion mais devenu la République des Sept-Dizains. De nos jours, on a donc deux communes limitrophes du même nom, l’une en Suisse et l’autre en France.

En fait, Saint-Gingolph n’est pas le lieu d’enrôlement suisse de cette personne et elle s’est engagée à Monthey en Bas-Valais et serait née dans le Chablais appartenant à la Savoie. Comme l’explique bien notre auteure, se dire suisse permet de toucher une plus forte prime d’engagement que si l’on se déclare français, vu la grande réputation martiale des habitants de la Confédération.

Plusieurs historiens se sont attachés à évoquer cette jeune fille devenue soldat sous une fausse identité. Tous sont partis d’un texte publié en décembre 1781 à Barcelone. Son contenu révèle que le soldat Carlos (traduction de Charles) Garain, a été blessé d’un coup de canon et que peu avant qu’il ne meure des suites, il s’est révélé qu’il s’agissait d’une fille vierge qui s’était déclarée comme ayant alors dix-sept ans. Toutefois cette personne s’était rajeunie pour pouvoir s’engager ; en effet sa trop petite taille interdisait de la recruter, aussi annoncer qu’on allait encore grandir avait permis de lever cet obstacle.

C’est à Minorque que Garain décéda après plus ou moins un an de service dans un régiment suisse au service de Madrid. Ce décès, dans l’île de Minorque, est lié au soutien que l’Espagne apporta, au côté de la France et des Provinces-Unies, aux insurgés américains. Depuis la Guerre de Succession d’Espagne, cette île des Baléares était en effet anglaise. Les forces franco-espagnoles s’en emparèrent le 5 février 1782 et Madrid la garda par le Traité de Paris du 3 septembre 1783.   

Le récit proposé permet de suivre notre personnage de décembre 1780 (date de son engagement en Suisse) jusqu’à sa mort mais aussi s’autorise à tenter de reconstituer des éléments possibles de son enfance. On accompagne cette jeune femme tout au long de son voyage pour rejoindre l’Espagne, on peut dire qu’en gros elle passe par Chambéry, capitale du duché de Savoie de 1414 à 1562, suit la vallée du Rhône, parcourt le Languedoc et arrive à Barcelone avant d’embarquer pour les Baléares. On a là une certaine approche de l’univers militaire de l’époque et de belles découvertes comme des articles du règlement des exercices édité par le roi de France pour ses armées et celles de son parent le roi d’Espagne.   

Dans une lègère digression l'auteure nous informe qu'heureusement ne s’ajoute pas, lors de l'arrivée en Espagne de son héroïnee, la connaissance des effets de la fièvre jaune ; on ignore alors que ce sont les moustiques qui la transmettent. Présente en Afrique, elle est introduite en Amérique du fait du commerce des esclaves et c’est seulement en 1801 qu’elle frappe la capitale de la Catalogne, y faisant 20 000 victimes.    

Pour tous publics Peu d'illustrations

Alexandre

Note globale :

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