Avis de Adam Craponne : "De grands voyageurs à l’insu de leur plein gré et pas tout de même au pays natal de Richard Virenque"
Les traces des familles du Loudunais parties pour le Nouveau-Monde sont suspectes à nombre d’historiens car Isaac de Razilly n'a jamais été seigneur en Loudunais. Cette histoire (voire "légende") a au moins le mérite d’avoir susciter un intérêt touristique, avec la Maison de l’Acadie à La Chaussée, et de rappeler le nom de ce seigneur par le nom d’un collège situé dans la commune limitrophe de Saint-Jean-de-Sauves.
Par contre, non loin de là, on cultive l’authentique, pour reprendre une formule du livre Jean de Florette de Marcel Pagnol, en Châtelleraudais. C’est en effet dans le nord-est du Poitou que furent réinstallées des familles acadiennes ; ces dernières avaient été déportées de leur pays, appelée Nouvelle-Écosse par les Anglais qui s’en emparèrent en 1713. Toutefois ces expulsions se déroulèrent de 1755 à 1762. Ce sont un peu plus de 100 000 personnes qui furent touchées.
En fait il y eut deux déportations, d’abord en 1755 dans les Treize Colonies d’Amérique, puis en 1758, après la prise de Louisbourg, des Acadiens arrivèrent en France par les ports de Saint-Malo, Morlaix, La Rochelle et Cherbourg. Ils reçurent des "secours" de l’administration française. Différents projets d’établissement leur sont proposés en Poitou ou en Bretagne mais aussi dans d’autres colonies comme la Guyane. Devant les difficultés qu’ils trouvent à exercer d’autres métiers que celui de paysan (l’organisation des corporations constitue un blocage à leur encontre), ils vont parfois de faire de la contrebande entre provinces. Jean-François Mouhot s’intéresse à leurs caractéristiques identitaires et à la façon dont ils les maintiennent par l’endogamie. Un nombre important d’entre eux repartira vers l’Amérique, mais cette fois pour la Louisiane. On apprécie les cartes géographiques, tableaux et figures ainsi que l’index des noms propres. L’image de couverture reprend un tableau de Charles Williams Jefferys.
Tiré d’une thèse de doctorat réalisée en 2006, à l’Institut universitaire européen de Florence, cet ouvrage est déjà paru en 2009 au Canada et on se réjouit que les PUR nous permettent de le connaître.
Pour connaisseurs Peu d'illustrations