Avis de Alexandre : "Au temps des Lumières, un sombre mystère!"
On a écrit que l’affaire de la Bête du Gévaudan fut la première histoire criminelle médiatisée au niveau international, en effet à son époque tous les journaux de l’Europe occidentale et médiane plus ceux d’Amérique du nord en rendirent compte. Après avoir relevé du fait historique, cet évènement, qui se déroule dans les Cévennes sous le règne de Louis XV (entre 1764 et 1767), allait alimenter le domaine de la fiction, y compris la littérature de jeunesse puisque par exemple en 2008 José Féron Romano en tira un roman et que dans les années 1970 l’intrigue de La Roulotte de l'aventure dans la série La famille HLM) de Paul-Jacques Bonzon, est soutenue par une allusion historique à la Bête du Gévaudan.
Élie Berthet a écrit également pour la jeunesse, il fut d’ailleurs directeur littéraire à partir de 1839 et pour quelques années dans La Gazette des enfants et des jeunes personnes (un périodique créé en 1837 par Léon Guérin). Il peut passer à la postérité comme le premier auteur à faire entrer la bête du Gévaudan dans le domaine de la fiction. Son récit La bête du Gévaudan paraît d’abord en feuilleton en 1858 ; il est publié dans Le Journal pour tous ; notons que la même année ce périodique, assez largement illustré et pour un public familial, propose également Les louves de Machecoul d’Alexandre Dumas. Toutefois dans ce dernier récit, se déroulant durant les Guerres de Vendée, on conte en particulier les amours des deux louves qui sont en fait Mary et Bertha, les filles jumelles du marquis de Souday.
Le roman d’Élie Berthet s’inspire en partie du récit de Bénédicte-Henry Révoil paru en l’année 1840 dans Le Journal des chasseurs. Avec Élie Berthet, la piste du loup-garou n’est pas écartée mais ne reste pas la seule clé du mystère. On retiendra l’intégration d’une donnée culturelle propre à cette région du Gévaudan, à savoir la présence d’une population restée protestante malgré les dragonnades sous Louis XIV.
Élie Berthet étant d’origine limousine, c’est la maison d’édition Les ardents qui s’est chargée de la réédition de ce récit introduit par Fabienne Claire Caland, une chercheuse franco-canadienne en littérature. La douzaine d’illustrations de Gustave Janet, en pleine page ou double-page, que proposait Le Journal pour tous a été très heureusement maintenue. Cet éditeur nous a déjà livré des feuilletons historiques parus au milieu ou à la fin du XIXe siècle dans la presse locale ou nationale ; on peut saluer l’originalité de cette mission qu’il s’est donnée et les qualités avec lesquelles il l’accomplit.
Pour tous publics Beaucoup d'illustrations
https://www.midilibre.fr/2022/10/18/mende-le-musee-du-gevaudan-attend-ses-premiers-visiteurs-ce-mardi-des-16-h-10746355.php