Avis de Adam Craponne : "Histoire de quelques arpents de neige dans un roman choral"
Dans le prologue on lit ceci :
« C’est dans ce contexte que Jérôme Le Royer de la Dauversière et Jean-Jacques Olivier de Verneuil obtiennent en 1640 de la Compagnie des Cent Associés la concession de l’île du Mont-Royal en Nouvelle-France, afin d’y établir une colonie pour honorer la Sainte-Famille et seconder les pères missionnaires dans l’évangélisation des autochtones. Soutenue par Richelieu et les Récollets, la Compagnie a reçu du roi le monopole de la traite des fourrures à perpétuité et la charge administrative d’un territoire s’étendant de la Floride jusqu’à l’Arctique et de l’île de Terre-Neuve jusqu’à la région des Grands Lacs. En retour, elle s’engage à peupler la colonie de Français catholiques dans la vallée du Saint-Laurent et au-delà ». (pages 7-8)
Dans le récit à proprement parler on apprend que suite à l’édit de grâce d’Alès de 1629, les protestants n’étaient plus tolérés au Canada. Le début de l’ouvrage est spontanément difficile à comprendre parce que l’on a un texte qui ressemble à une lettre et qui commence par Benjamin et ne se clôt par aucune signature. En fait on saisit plus tard que c’est Benjamin qui parle dans un récit oral de souvenirs énoncés plus tard. D’autres personnages s’expriment de la même façon, à savoir Gilles un militaire, Marie une orpheline envoyée par les autorités françaises au Canada pour se marier, Hélène la fille de Benjamin qui épouse Gilles et Wakiza un jeune Européen qui a été adopté très jeune par les Indiens. Il y a aussi un narrateur externe.
L’action se déroule entre 1640 et 1701, soit en gros le règne officiel de Louis XIV puisque celui-ci règne de 1643 à 1715, même s’il ne gouverne qu’à partir de 1661. On suit d’ailleurs régulièrement dans cet ouvrage les évènements importants qui le concernent.
On voit l’installation progressive de ces colons en Nouvelle-France, la vie qu’ils y mènent eux et leurs descendants. Benjamin est né dans une famille huguenote et s’est converti et en apprend que Samuel Champlain, qui fait entre 1603 et 1635 douze voyages entre la métropole et le Canada, l’était aussi. Benjamin rencontre Samuel Lagroze également anciennement protestant dont l’épouse est Madeleine et la fille Françoise que va épouser Benjamin.
On comprend bien que les jésuites mènent une active campagne d’évangélisation auprès des tribus alliés des Français à savoir Algonquins, Hurons et Montagnais qui sont ennemis en particulier des Iroquois alliés des Anglais. Ces Iroquois menacent les implantations françaises de nombreuses fois durant le cours du récit ; ils « s’approchent comme des renards, se battent comme des loups et disparaissent comme des oiseaux » (page 34) . Le commerce des fourrures avec la métropole est très fructueux pour certains. Voilà une fiction construite avec tous les ingrédients pour comprendre les débuts de l'histoire du Québec.
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https://www.actualitte.com/article/patrimoine-education/le-plus-ancien-manuscrit-de-champlain-sorti-des-archives-de-la-bnf/90344