Avis de Octave : "Jacques II: L’Orange m’a tuer (sic)"
L’ouvrage est sous-titré Louis XIV contre Guillaume d’Orange. Guillaume d’Orange épouse une des filles de Jacques II et c’est en 1688 que le stathouder d’une demi-douzaine de provinces des Pays-Bas détrône son beau-père. Ce dernier avait succédé à Charles II qui était le roi qui avait marqué le rétablissement de la monarchie en 1660, après l’expérience de gouvernement de Cromwell. Charles II (qui d’ailleurs s’était converti au catholicisme sur son lit de mort) n’ayant pas eu d’enfants, c’est son frère qui lui succède et prend le nom de Jacques II. Durant son séjour en France de 1648 à 1656, pendant le gouvernement de Cromwell, Jacques avait découvert la foi et les cérémonies catholiques ; lui et son épouse se convertirent secrètement en 1668 ou 1669 (pour son épouse, c'est un retour à l'ombre du pape).
Marie de Modène, épouse de Jacques II et petite-nièce du cardinal Mazarin
Jacques II défendit l'abrogation des lois pénales qui discriminaient les non-anglicans et en particulier les catholiques. En 1688 le nombre de fonctionnaires papistes à la cour est impressionnant alors qu’on estime qu’environ 2% des Anglais sont catholiques. De plus l’Église anglicane se voit menacé de perdre des avantages dont certains financiers.
Dans un temps voisin en France Louis XIV révoque l’Édit de Nantes, si bien qu’un certain nombre d’officiers protestants français participent au débarquement conduit par Guillaume d’Orange le 5 novembre 1688. D’un autre côté les officiers anglicans de l'armée anglaise désertèrent immédiatement le camp de Jacques II. La France est occupée par des campagnes en Allemagne dans le Palatinat (du fait de la Guerre de la Ligue d’Augsbourg) et va ravager cette région de peur de voir arriver les armées ennemies dans les terres orientales du royaume de France. Elle ne pourra pas attaquer les Pays-Bas lorsque les troupes de Guillaume seront en Angleterre. D’autant que par une série d’initiatives, Louis XIV a réussi à coaliser contre lui des états protestants et des états catholiques du Saint Empire germanique.
Jean Tabeur commence par faire le portait de tous les souverains de la dynastie des Stuart qui monte sur le trône en 1625, après le décès d’Élisabeth Ire, avec Jacques Ier d'Angleterre, déjà roi d’Écosse (fils de Marie Stuart qu’ Élisabeth a fait exécuter). Il poursuit en expliquant magistralement les raisons pour lesquelles la Ligue d’Augsbourg a pu réunir autant de soldats ; on arrive aux conditions dans lesquelles se passe le débarquement de novembre 1588 et l’acceptation réussie d'une monarchie conjointe (Guillaume III avec Marie II son épouse) par le peuple anglais.
On voit ensuite sur quelles terres et mers Louis XIV et Guillaume III s’affrontent ; avec le soutien de troupes françaises, Jacques débarqua en Irlande en mars 1689 où il est bien accueilli par une population alors très majoritairement catholiques. Le résultat de la bataille de la Boyne qui se déroule les 10, 11 et 12 juillet 1690 au nord de Dublin lui est défavorable et le désastre de la bataille navale de La Hougue (à la pointe du Cotentin) en 1692 ruine définitivement ses espérances. L’amiral anglais Edward Russell qui commande les forces anglo-hollandaises était un des Sept immortels qui envoient une lettre en juin 1688 (L'invitation à Guillaume) assurant à son destinataire que s'il débarquait en Angleterre avec une petite armée, il serait rapidement soutenu par les armées du pays.
L’image de Guillaume III, combattant lors de ces journées de juillet 1690, aura une place de choix dans l’iconographie orangiste (partisans du maintien de l’Ulster dans le Royaume-Uni) ; le 12 juillet est jour férié en Irlande du Nord de ce fait. En 1689 et en 1701 deux testes successifs interdisent à un catholique de devenir souverain de l’Angleterre ; ceci fait encore loi au XXIe siècle. Une autre fille de Jacques II, restée anglicane, devient reine à la mort de Guillaume III en 1702. Les descendants de Jacques II par son fils Jacques François Édouard menèrent quelques soulèvements en Écosse jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.
Cet ouvrage couvre donc des évènements en amont et en aval de la bataille de la Boyne, on apprécie ses nombreuses cartes géographiques et son index des noms propres.
Pour connaisseurs Quelques illustrations