Avis de Adam Craponne : "L’art de la guerre de Sunzi ou l’art de la diplomatie de François de Callières ? Choisis ton roman camarade !"
François de Callières, originaire de Thorigny en Normandie, et on peut dire que ses dates de naissance (1645) et de mort (1717) collent quasiment avec celles de Louis XIV. Son ouvrage "L’art de négocier sous Louis XIV" est paru en 1716 sous le titre de "De la manière de négocier avec les souverains, de l'utilité des négociations, du choix des ambassadeurs et des envoyez, et des qualitez nécessaires pour reüssir dans ces employs" et après avoir inspirés les diplomates, il sert de support pour des leçons de management. De sa carrière de diplomate, on retiendra qu’il est missionné afin de faire élire le fils du duc de Longueville au trône polonais et qu’en 1697 François de Callières est l'un des trois plénipotentiaires français qui signent le Traité de Ryswick qui met fin à la guerre de la Ligue d’Augsbourg et fait reconnaître à la France la presque totalité de l’Alsace.
Son ouvrage "L’art de négocier sous Louis XIV" commence par la maxime :
« Tout Prince Chrétien doit avoir pour maxime principale de n'employer les armes pour soutenir et faire valoir ses droits, qu'après avoir tenté et épuisé celle de la raison et de la persuasion, et il est de son intérêt d'y joindre encore celle des biens-faits qui est le plus sûr de tous les moyens pour affermir et pour augmenter sa puissance ; mais il faut qu'il se serve de bons ouvriers qui sachent les mettre en œuvre pour lui gagner les cœurs et les volontés des hommes, et c'est en cela principalement que consiste la science de la négociation. »
L’ouverture du deuxième chapitre a des résonances plus fortes que jamais, deux siècles après sa publication :
« Pour bien connaître de quelle utilité peuvent être les négociations, il faut considérer que tous les Etats dont l'Europe est composée, ont entre eux des liaisons et des commerces nécessaires, qui font qu'on peut les considérer comme des membres de la même République, et qu'il ne peut presque point arriver de changement considérable en quelques-uns de ses membres qui ne soit capable de troubler le repos de tous les autres »
François de Callières recommande des actions que Talleyrand appliqua en particulier au Congrès de Vienne, après la chute définitive de Napoléon Ier :
«Pour soutenir la dignité attachée à ces emplois, il faut que celui qui en est revêtu, soit libéral et magnifique, mais avec choix et avec dessein; que la magnificence paroisse dans son train, dans la livrée et dans le reste de son équipage; que la propreté, l'abondance, et même la délicatesse, règne sur sa table: qu'il donne souvent des fêtes et des divertissements aux principales personnes de la Cour où il se trouve, et au Prince même, s'il est d'humeur à y prendre part, qu'il tâche entrer dans les parties de divertissements, mais d'une manière agréable et sans le contraindre, et qu'il y apporte toujours un air ouvert, complaisant, honnête et un désir continuel de lui plaire.»
On remarque que les actions du cardinal de Richelieu, bien plus que celles de Mazarin, sont souvent pour l’auteur des modèles dont on doit s’inspirer. Composé de vingt-quatre chapitres bien centrés sur un aspect de la question et d’une épître adressée au duc d’Orléans (alors régent du royaume de France) cet ouvrage permet de mieux percevoir non seulement les rouages de la diplomatie européenne telle qu’elle fonctionna jusqu’à la Première Guerre mondiale, mais elle est aussi une sorte de manuel de savoir vivre et un témoignage des mentalités de l’époque de Louis XIV.
Pour connaisseurs Aucune illustration