Nous publions ci-dessous, en tant que tribune libre, le travail de Benjamin
La Vendée c’est Gilles de Rais, Richelieu, Charette, Clemenceau, Benjamin Rabier et Yvan Craipeau (secrétaire de Trotsky). Choisis ton héros…
Depuis son ouverture il y a 12 ans, le Musée de l’image d’Épinal (dans les Vosges) porte un regard propre sur ses collections. Il reste dans l’esprit qui est le sien depuis plusieurs années, il y a donc trois parties pour cette exposition de l’été 2015 intitulée « L’ESPRIT DES BÊTES ». Toutes tournent autour de Benjamin Rabier né en 1864 à La Roche-sur-Yon (pays de sa mère) et décédé à Faverolles en 1939 (région de son père).
La première exposition informe que Benjamin Rabier a pour l’Imagerie Pellerin d’Épinal en 1897 et pour l’Imagerie Quantin à Paris autour de 1900. Benjamin Rabier est né à La Roche-sur-Yon le 30 Décembre 1864 qui s’appelait alors Napoléon-Vendée. Il reste là jusqu’à un peu plus de cinq ans. Il est dans la capitale quand les Prussiens assiègent Paris en 1870, puis il va à l’école à Paris. Il fait son service militaire puis commence à travailler en 1889 comme comptable au magasin du Bon Marché à Paris. En 1890, il devient employé de la ville de Paris et travaille comme contrôleur au marché des Halles et il a occasion d’observer des animaux domestiques. L’année suivante, il trouve un petit travail de contrôleur de la comptabilité dans un grand cirque parisien où il peut voir des animaux habituellement sauvages.
Il crée le personnage de Tintin Lutin que vieillira un peu Hergé pour en faire Tintin. « Flambeau » est un album, destiné aux enfants, qui raconte la participation au premier conflit mondial de Flambeau, un chien de ferme. Sa parution en album date de 1916. Le jeune chien défend aux côtés des poilus, et avec l’aide d’animaux de la forêt, les valeurs de fraternité, d’honneur, d’intelligence et d’harmonie. Il trouve face à lui la soldatesque germanique sujette aux instincts les plus bestiaux. D’autre part cette idée des « animaux avec nous » pour les enfants est à rapprocher de celle de « Dieu avec nous » pour les adultes.
Durant la Première Guerre mondiale, le ministère de la Guerre lance un concours pour le logo destiné aux camions de ravitaillement en viande destinés aux poilus. À cette occasion, Benjamin Rabier dessine la première Vache qui rit. Rappelons qu’il crée en 1923 le canard Gédéon, auquel il fait vivre de nombreuses aventures.
«Quand il fut sorti de l’œuf et qu’il se présenta devant son père, sa mère et ses frères, il reçut de sa famille un accueil mélangé de surprise et d’ahurissement. Jamais on n’avait vu caneton agrémenté d’un cou aussi long…».
Illustrateur dans la presse pour la famille, il est déjà réputé dans les journaux parisiens lorsqu’il crée les planches qui nous sont données à voir. « Le Rire » et « Le Pêle-Mêle » lui prennent alors régulièrement des dessins d’humour. Par ailleurs dans le domaine de la caricature il a déjà croqué par exemple Clemenceau en bouledogue et l’actrice Sarah Bernhardt en lionne. Des exemples de la production de Benjamin Rabier dans la presse pour adultes et pour les jeunes (en dehors de l’imagerie d’Épinal) sont présents.
Le Musée de l’image a fait appel, comme à l’accoutumée, à de jeunes illustrateurs pour réinterpréter avec un style graphique d’aujourd’hui, l’esprit des images illustrées de Benjamin Rabier. Rappelons qu’il ne s’agit jamais de BD avec Rabier car il n’utilise pas la bulle, un joli pavé de texte est sous l’image. On est donc dans les histoires en images.
Par ailleurs en parallèle, une galerie de portraits du photographe Charles Fréger est présentée. On nous montre des hommes qui prennent l’apparence d’animaux fantastiques en endossant divers attributs. Benjamin Rabier nous montrait l’humanité des animaux (les sentiments de ceux-ci étant magistralement lis en scène) et Charles Fréger nous représente l’animalité des humains dans divers paysages sauvages de l’Europe. Par ailleurs des publicités télévisuelles s’inspirant des créations de Benjamin Rabier sont à découvrir. Une savante et légère ambiance musicale accompagne ces expositions.
Exposition « L’ESPRIT DES BÊTES » du 29 mai au 1er novembre 2015. Musée de l’image d’Épinal.