Mufti

Si le genre est le roman, le contenu historique est très dense ; toutefois il était prudent, par rapport à certaines affirmations et dans le choix stylistique de présenter des interviewés, de faire passer ce livre comme relevant de la fiction. D’un côté, l’auteur  a cofondé SOS Racisme et, durant ses années d’étudiant, il est un cadre important de l’Union des étudiants juifs de France. Yves Azéroual conçoit l’émission télévisuelle Secrets d'Histoire en 2007.   

Le récit se situe pour moitié et par alternance, au début du XXIe siècle en Israël avec un narrateur interne et pour l’autre partie évoque des évènements liés à la vie du Grand Mufti. On commence par le massacre d'Hébron de 1929 où des Palestiniens tuent près de 70 Juifs, en blessent une bonne cinquantaine et dévalisent des habitations particulières, une bibliothèque et deux synagogues. Notons qu’environ 400 Israélites survivent dont une bonne partie grâce à des voisins arabes qui les a protégés. Cependant le Grand Mufti n’a joué aucun rôle dans cette émeute.

Outre le rôle de ce dernier durant la Seconde Guerre mondiale assez connu, le récit développe nombre d’aspects assez peu étudiés. On évoque ainsi le rôle de la Société des Templiers, un courant religieux d’origine luthérienne et anabaptiste. Après un échec d’installation en Israël en 1866, les Templiers  s’implantent durablement à partir de 1869 et en 1914 la Palestine abrite 1 200 Templiers. Juste avant la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, leur nombre avoisine 1 500. Nombre d’entre eux adhèrent au parti nazi et évidemment partagent, avec certains Arabes, une même haine des juifs. Par ailleurs, on découvre que le Grand Mufti, fait prisonnier dans la région de Constance par les Forces françaises libres le 15 mai 1945, réussit à quitter la France le 29 mai 1946 avec la complicité du gouvernement français pour Le Caire (grâce à Georges Bidault ministre des Affaires étrangères).