La prison politique en Iran

Ce livre est sous-titré Logiques et ressorts de la terreur islamique. L’auteure Chala Chafiq, sociologue et écrivaine, est née le 5 mai 1954 en Iran. Elle vit en France depuis 1982, après deux ans de vie clandestine en Iran, après deux ans de vie clandestine en Iran. De 2003 à 2014, elle dirige l’Agence de développement des relations interculturelles pour la citoyenneté (ADRIC).

En 2011 son dernier essai, Islam politique, sexe et genre a reçu le prix le Monde de la recherche universitaire. Sept ans plus tard, elle reçoit le prix de l'Union rationaliste pour ses contributions au développement de la pensée critique. Pour elle, seule la laïcité permet aujourd’hui de développer les droits des femmes ; l'accession à une vraie citoyenneté doit se faire en dehors du religieux. Elle pense que la mondialisation entraîne par réaction le développement de mouvements identitaires néoconservateurs, le plus dangereux étant l'islamisme. 

Dès le début de ce livre, l’auteure remercie tous les anciens prisonniers politiques ayant accepté de lui apporter son témoignage. Cet ouvrage est paru en 2002 dans une première version, sous le titre de Le nouvel homme islamiste: La prison politique en Iran. Aujourd’hui son titre complet est La prison politique en Iran : Logiques et ressorts de la terreur islamique. Son contenu a intégré des faits s’étant déroulé dans des années ultérieures à 2002, ce qui a amené à un large bouleversement du contenu. Notons que la dynamique caricature, illustrant le couverture de ce titre, est de Kianoush Ramezani ; ce dernier est réfugié en France depuis 2010 et collabore à divers journaux de l’hexagone.

Dans cet essai, l’auteure non seulement dénonce la répression politique (et le mode sur lequel elle se fait), rend hommage aux victimes mais approche également la terreur est un ressort fondamental dans le processus forcé d’idéologisation de la société iranienne. Certaines de ces idées sont exprimées, dans la première page de la nouvelle préface, ainsi : « La singularité de la prison politique réside avant tout en tant que ses chefs geôliers, des islamistes acharnés, la considèrent comme un front de combat politique et idéologique, ainsi qu’une école pour formater de vrais musulmans selon un modèle islamique ».  

Les sept chapitres sont les suivants : Le pouvoir de séduction islamiste, Le peuple élu dans l’État de Dieu, Le rêve à l’épreuve de la réalité, La purification sociale, une chirurgie interne, La repentance, une stratégie de fabrication, Le voile et le viol, Échec de la stratégie de la repentance. À travers les mots choisis de ces titres de partie, on devine tout un univers glauque.

Chala Chafiq propose également une introduction et une conclusion. De la première, on sélectionnera : « Analyser le processus à l’œuvre dans les prisons politiques de la République islamique revient à élucider la nature de ce régime. Cette démarche revêt une importance primordiale au-delà de la condition iranienne. Non en ce qu’elle dénonce la répression, mais en ce qu’elle permet d’approfondir notre connaissance du processus d’idéologisation de la religion et de ses conséquences sociopolitiques. Si cette approche concerne les pays musulmans, elle apporte surtout une réflexion sur l’être humain au pouvoir. Une question qui nous concerne tous, où que nous vivons (page 19).

Dans la seconde on tirera : « Toutefois, nous assistons à un changement sensible : bien que le pouvoir continue à présenter la prison politique comme un front de combat contre les ennemis de l’ordre sacré afin de justifier ses pratiques de torture et d’extorsions d’aveux forcés, il délaisse l’objectif de formation idéologique au pouvoir. Les geôliers ne sont guère animés par cette ambition. En effet, l’échec cuisant du projet sociopolitique de la République islamique est de plus en plus discrédité, y compris parmi les fidèles du régime. Ceci étant, d’un point de vue réel et symbolique, la prison politique des années 1980 demeure l’incarnation du modèle idéologique qui fonde la République islamique et ce modèle continue de légitimer sa politique de terreur » (page 188).