Avis de Adam Craponne : "La vérité, si je mens"
L’auteure a utilisé les souvenirs de sa mère et grand-mère et l’essentiel des très nombreuses photographies proviennent d’archives familiales. Les juifs en Tunisie, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, sont estimés au nombre de 71 000 individus (soit plus de 2% de la population du pays) et la grande majorité de ceux-ci ou de leurs descendants sont aujourd’hui en France.
« Évidemment, la période 1945-1960 est politiquement compliquée. Entre une sortie de guerre mondiale et une bagarre pour gagner son indépendance, le pays entier est bousculé. Pour les enfants et adolescents de cette époque, alors qu’il leur aura fallu, pour la plupart, quitter le pays une fois l’indépendance déclarée, le quotidien n’aura plus jamais le même goût.»
Si le livre ne retrace pas exclusivement l’histoire de la communauté israélite durant trente ans, il s’appuie fortement sur le vécu de celle-ci. Le récit démarre avec la défaite de la France en juin 1940, ce qui a de lourdes conséquences en Tunisie même si Hitler refuse que Mussolini envoie des troupes pour occuper ce protectorat. Comme en Syrie, le gouvernement de Vichy joue discrètement la carte allemande dès le départ remplaçant début février 1942 à la tête des troupes française le général de division Jean de Lattre de Tassigny, qui refuse d’aider au ravitaillement de l’Afrika Corps qui combat en Lybie et Égypte par son égal Georges Barré qui d’ailleurs se ralliera tardivement aux Alliés après leur débarquement au Maroc et Algérie en novembre 1942.
La non-complaisance de Bourguiba et de Moncef Bey à l’égard de l’Allemagne est mise en évidence. Si la période de 1940 à 1943 est chargée en évènements officiels, la dimension de vie quotidienne n’en est pas pour le moins oublié là aussi et on a ainsi une page entière (avec illustration) sur la marieuse, le texte permet d’expliquer au passage que la communauté juive se divisait en deux groupes : ceux qui étaient d’une famille venue s’installer là il y a très longtemps ou au moins avant 1500 (donc venant d’Andalousie) et ceux qui descendaient des juifs arrivés de Livourne (en Italie) à la fin du XVIe siècle ou au cours du XVIIe siècle. L’alimentation et les loisirs culturels trouvent une large place.
Le TGM à Tunis
Dans les pages de chronologie, sont systématiquement signalées les années de naissance des personnalités françaises nées en Tunisie, à l’exception pour 1943 de Philippe Seguin. Ceci est d’autant plus étonnant que Claude Bartolone est évoqué. Page 37 un texte précise quels furent les avancées en matière des droits des femmes sous la présidence de Bourguiba ; ceci sans préciser d’ailleurs que les femmes tunisiennes ne voient pas leur mariage reconnu avec un non-musulman (ce problème est réapparu récemment, voir http://www.france24.com/fr/20170328-tunisie-associations-tunisiennes-epouser-non-musulmans-circulaire)
Pour tous publics Beaucoup d'illustrations