Avis de Xirong : "Moi, je suis un chat qui n'a pas encore de nom"
Il s'agit de l'adaptation en manga d'un fameux roman humoristique de l'écrivain japonais Sôseki, dont le nom de plume signifie « se rincer la bouche avec une pierre ». Sa véritable identité est celle de Kinnosuke Natsume et il est né en 1867 à Tokyo et décédé en 1916 dans cette même ville.
Le roman Je suis un chat (吾輩は猫である, Wagahai wa, neko de aru) est à l'origine paru en feuilleton de 1905 à 1906. Ce roman a fait connu deux adaptations cinématographiques, l'une en 1935 et l'autre en 1975.
Après la présentation sur une double-page des personnages, le manga fait apparaître le chat narrateur du récit qui déclare sur la case une et trois, une phrase connue de tous les Japonais :
« Moi, je suis un chat qui n'a pas encore de nom. Je n'ai aucune idée du lieu où je suis né.» (pages 7 et 8)
Ce chat se retrouve dans le jardin du professeur d'anglais Kushami dans la ville devenue Tokyo en 1868 avec le début de l'ère Meiji, elle s'appelait Edo auparavant. Adopté par le professeur Kushami, notre félin découvre l'univers en profonde mutation de ce Japon qui entre dans la modernité en adoptant une constitution, le calendrier grégorien, se dote de chemins de fer et s'industrialise. En fait dans la vie courante nombre d'habitudes ancestrales perdurent et ainsi page 90 les personnages parlent du fait que l'on est en 38 de l'ère Meiji, ce qui nous amène à l'année de publication du roman, soit près de la fin de lère Meiji qui se termine en 1906. Par ailleurs une famille enrichie dans les affaires attache de l'importance à ce que leur éventuel gendre soit titulaire d'un doctorat.
« Pour les parents, ce n'est pas tant une question de fortune... C'est surtout sa situation dans son corps d'appartenance qui compte... Bref, le titre, si tu veux. » (page 80)
Sōseki évoque donc dans l'intrigue la perspective de voir un mariage entre l'étudiant Mizushima Kangetsu et Kaneda Tomiko la fille d'un riche marchand voisin. Il pose alors un regard acerbe sur l'univers de la finance de cette époque.
Par ailleurs la mère de cette jeune fille ayant un orifice nasal protubérant et tout laissant à craindre que celui de la première continua à pousser, chez des Japonais qui s'occidentalisent une allusion à Cléopâtre apparaît à la page 74. Le récit porte un regard critique sur les Japonais qui semblent singer certains aspects du mode vie occidental :
« Costume en tweed, montre en or. Voilà qui paraît incroyable s'agissant d'un ancien camarade de mon maître ». (page 72)
« Chacun se trouve enfoncé dans ses calculs, et la société finit par manquer d'air. Pour moi, c'est parce que les gens d'aujourd'hui ne recherchent que leur profit, à savoir s'ils vont y gagner ou y perdre... Ils y pensent à tout bout de champ, qu'ils dorment ou qu'ils veillent ». (page 170)
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