Avis de Xirong : "Un trésor de BD"
Rappelons tout d'abord que宝, un des divers idéogrammes (tous tons confondus) se lisant "bao", se traduit par "trésor", toutefois il ne s’agit pas de cet idéogramme ici puisque les Chinois écrivent ainsi le nom du héros 包拯. La clé de ce récit, fort connu des Chinois sous le nom du "Chat échangé contre le dauphin", est dans une substitution d'enfant, conséquence d'une promesse d'un empereur: « L'empereur Zhen Zhong était soucieux de n'avoir pas de descendance quand l'impératrice se fit vieille et plus en mesure de lui donner un prince héritier. Un soir du festival de la mi-automne, l'empereur un peu ivre, convia dans les jardins du palais ses deux concubines favorites, Li et Liu, pour leur annoncer que la première des deux qui lui donnerait un fils serait aussitôt déclarée impératrice » (page 106) En effet la montée sur le trône de Ren Zhong s'est faite par de très tortueux chemins qui lui seront révélés grâce au juge Bao en la capitale de l'époque, à savoir Kaifeng. Les deux empereurs cités ont réellement existé et ont eu un très long règne respectivement d’environ 30 et 40 ans. L'ouvrage est divisé en sept chapitres avec un titre alléchant qui est en phase avec les romans d'aventures occidentaux de la fin du XIXe siècle. Ainsi trouve-ton: « Chapitre 1: Où le juge Bao se rend aux bandits des vertes forêts contre la vie de Zhan Zhao. (…) Chapitre 6: Où le juge Bao abat sa dernière carte » Le style graphique est hyperréaliste, le décor est globalement moyennement chargé. Il est l'oeuvre d'un dessinateur chinois qui désire faire partager sa connaissance de l'histoire de son pays. Les scènes ne sont jamais présentées de façon choquante, une grande pudeur est présente pour ce que d'autres dessinateurs auraient traité de façon largement érotique ou par rapport à des scènes de tortures où on est largement dans la suggestion. Cette BD en noir et blanc, dans un format à l'italienne, est une mine d'information sur les modes de vie dans la Chine impériale. Ce sixième tome clôt, par une approche de la cour impériale, des aventures qui, courant sur quatre années, connaissent les provinces (parfois fort éloignées) comme lieu d'action. Si le point commun est la lutte contre la corruption, chaque volume porte une intrigue autonome qui peut être lue indépendamment l'une de l'autre. Il n'est point besoin de connaître certains aspects du caractère du juge Bao et de ses auxiliaires pour rentrer dans chaque récit. Le lecteur, habitué à la lecture des aventures du juge Ti, fera des parallèles et verra les différences dans les motifs porteurs des intrigues. Il est d'ailleurs à notre que dans "Spirou" au cours des années soixante, quelques aventures du héros de Robert Van Gulik avait fait l'objet d'une adaptation en BD. Si le juge Ti vivait à la fin du VIIe siècle sous la dynastieTang, le juge Bao exerça trois siècles et demie plus tard avec les Song.
Pour tous publics Beaucoup d'illustrations Plan autre