Avis de Xirong : "Avec Xi Jinping ça bétonne en Chine au sens propre et au sens figuré"
Depuis la chute de l’URSS et les évènements de Tian an men, quasi concomitants, on se pose continuellement la question de l’avenir politique de la Chine. Cela ne fait donc que quasiment trente ans… D’ailleurs les conditions d’effondrement du Parti communiste soviétique ont été très largement analysées par les dirigeants chinois afin de ne pas amener leur propre parti communiste à la disparition ? D’après Xi Jinping, ce sont la remise en cause des idéaux et des croyances plus la dépolitisation de la société et la nationalisation de l’armée qui ont joué un rôle (page 49).
Certes l’état de droit a progressé comme l’accès à l’information mais dans une certaine limite qui bloque toute allusion à des questions politiques sensibles. L’État est entièrement contrôlé par le PCC. Si transition démocratique il y aura, elle sera sûrement « retardée, chaotique et incomplète » (page 20) et l’auteur s’attache à nous le démontrer.
Le troisième chapitre a pour but d’illustrer en quoi la culture politique dominante en Chine est largement antidémocratique. Qu’ils soient pour l’extension du libéralisme économique ou le maintien d’une propriété étatique, la très grande majorité fait confiance au PCC pour guider le pays dans le bon chemin. La démocratisation à l’occidentale est porteuse d’une mise en danger d’une stabilité sociale que l’on souhaite maintenir. « La société civile chinoise (…) reste imbibée d’idéologie confucéenne, révérencieuse face à l’autorité, respectueuse de la hiérarchie et peu familière des institutions et pratiques politiques des pays vraiment démocratiques » (page 120).
Le quatrième chapitre est intitulé "Une société civile embryonnaire sous tutelle renforcée du Parti-État" et l’auteur pose en particulier des questions autour du rôle que pourrait prendre internet pour structurer une opposition ou un moyen de pression au pouvoir actuel, de la gestion plus souple qui est faite des conflits sociaux, les conséquences de la réforme judiciaire, le renouveau religieux (on estime le nombre de chrétiens à près de cent millions, soit 7% de la population, avec un certain nombre dans les nouvelles élites civiles), le discours nationaliste (ciment auquel on tente de souder la société derrière le PCC), les minorités ethniques . Suivent les deux derniers chapitres suivants : "Le rôle des élites dans toute évolution future du régime politique chinois", "L’avenir de la Chine : vers un régime autoritaire et impérial". L’auteur pointe une demi-douzaine de faiblesses du système actuel.
Il s’interroge sur ce qui pourrait diviser les élites, issues de la jeunesse urbaine, afin de permettre à une partie d’entre elles de déclencher un processus de réformes politiques qui conduirait à une démocratisation. Ce n’est qu’à partir de 1990 que les jeunes Chinois des milieux favorisés ont pu partir étudier à l’étranger, en 2020 nombre de Chinois qui ont vécu quelques années dans le monde occidental auront entre quarante et cinquante ans. Il est certain qu’une aventure militaire qui tournerait court sur Taiwan aurait des conséquences. En bloquant les réformes allant dans le sens de la démocratisation, « Xi Jinping et ses collègues risquent de payer plus cher le prix de la transition démocratique : au lieu d’être pacifique, celle-ci peut s’avérer violente » (page 269). On peut écouter l'auteur, dans un interview début 2018, ici https://www.youtube.com/watch?v=NuGCGdSbCIQ
Pour connaisseurs Aucune illustration
https://www.dreuz.info/2020/03/19/coronavirus-la-chine-est-coupable-dun-crime-contre-lhumanite/
https://www.chine-magazine.com/la-chine-paie-un-prix-eleve-pour-provoquer-linde/
https://www.questionchine.net/de-deng-xiaoping-a-hua-guofeng-l-itineraire-d-un-despote?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+questionchine+%28QuestionChine.net%29
https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/05/20/la-chine-se-veut-l-antidote-autoritaire-a-son-propre-poison_6080810_3232.html