Avis de Xirong : "La Chine des concessions sans concession"
Borodine, conseiller du mouvement communiste international, incite la population à rejeter le système des concessions et le Parti communiste chinois encourage les grèves et la lutte contre les propriétaires fonciers. Ce dernier mouvement en 1927 compte 58 000 membres. Le 12 avril de cette même année, Jiang Jieshi (Tchiang Kai-shek), avec l’appui de la pègre, fait massacrer les syndicats communistes armés de Shanghai.
Ilse Jordan est à Shanghai au moment des évènements et son témoignage nous parle de l’arrivée des Cantonais. L’Angleterre a fait déjà un lourd travail de répression, qu’on ne mentionne guère dans les livres d'histoire (et on peut remercier l’auteure de nous le rappeler), lorsque les troupes du Guomintang sont dans la métropole côtière. Elle évoque les révolutionnaires chinois comme les instigateurs des nombreuses grèves du début de l'année 1927.
Si l’auteure pense que la Chine doit son développement économique des années 1920 aux étrangers, par contre elle stigmatise les interventions anglaises du passé dans l’Empire du milieu et c’est pour le traducteur l’occasion d’expliciter une allusion de l’auteure durant la Première Guerre mondiale. Ceci a trait au fait qu'on se saluait alors en Allemagne en ces termes : le premier disant « Que Dieu punisse l’Angleterre » ce à quoi on répondait « Qu’il la punisse ». Incidemment, elle évoque la concession française de Shanghai où elle aime se promener.
Ce journal évoque à plusieurs moments les tensions entre Chinois et Européens ainsi que la grande misère d’une bonne partie des Shanghaiens. Ilse Jordan a une certaine sympathie pour les Chinois mais elle vit dans un univers où les Hans qu’elle fréquente sont ses domestiques ou ceux de ses connaissances, à de rares exceptions (comme le personnel religieux). Elle apprécie modérément la cuisine chinoise et on peut penser qu’elle demande à son cuisinier chinois de lui préparer des plats européens. L’auteur, comme dans Derrière les portes de l’Extrême-Orient, revient sur les conditions étonnantes de découverte par lui de cette auteure. Ce journal d’Ilse Jordan lui est aussi parvenu de façon inattendue.
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