Avis de Xirong : "Du rêve d’une Grande Mongolie à la création de la République populaire mongole"
Le récit historique présent ici a inspiré Hugo Pratt pour Corto Maltese en Sibérie et quelques autres bandes dessinées comme Le Baron fou (autour du baron Roman Von Ungern-Sternberg).
L’auteur propose de retracer brièvement l’histoire des Mongols depuis les conquêtes de Gengis Kahn jusqu’à d’un côté leur passage sous la domination mandchoue (qui porte la dernière dynastie de l’Empire chinois) et de l’autre sous l’Empire russe. Ces Mongols, sous la coupe du tsar, étaient principalement composés des Kalmouks de la Volga (installés au XVIIe) et les Bouriates (autour du lac Baïkal). Ceci est l’occasion d’évoquer notamment les Dzoungars qui au Xinjiang, après une révolte contre les Qing, sont très largement massacrés au milieu du XVIIIe siècle.
L’Empire du milieu déclinant, Russes et Japonais se partagent (non sans conflit) des zones d’influence dans le nord de la Chine. En 1911 la révolte des princes mongols (sous tutelle de Pékin) est favorisée par l’apparition de la République de Chine, à Ourga le Bogdo Gegeen (un des plus hauts dirigeants du bouddhisme tibétain, lama de tradition gelugpa) est intronisé khan de Mongolie. Le Tibet en profita d’ailleurs pour proclamer son indépendance en janvier 1913. La Russie établit alors un protectorat sur le Touva, peuplé de turcophones ce territoire fut annexé par l’URSS en 1944. Les tsars placèrent sous leur tutelle le régime théocratique de la Mongolie (le centre et le nord de la région), alors que le sud du pays, appelée Mongolie intérieure, restait dans l’orbite chinois.
Les deux révolutions russes de 1917 eurent de grandes répercussions dans le jeune état de Mongolie, alors non reconnu par les puissances. Semenov, officier cosaque de père russo-bouriate, organisa des troupes (composées tant de Mongols que de Bouriates) pour lutter contre les communistes mais il se trouva en rivalité avec l’amiral Koltchak. Un grand projet pan-mongol se dessine début 1919. La Chine se met à réoccuper provisoirement la Mongolie extérieure jusqu’à ce que le baron Ungern-Sternberg (d’origine germano-balte) se replie de la Sibérie vers Ourga et rétablisse formellement le pouvoir de Bogdo Gegeen.
Le 25 juin 1920, des activistes venus de deux groupes différents créent le Parti populaire mongol qui va se donner pour but de combattre le désordre, protéger la religion bouddhiste et obtenir l’indépendance. Il est à noter que des militants bouriates sont présents dans ce parti et qu’ils réclament une unification des peuples mongols. Avec une aide matérielle venue des soviétiques, les révolutionnaires mongols s’emparent d’un état qui est limité à la Mongolie extérieure et passe sous la tutelle des dirigeants communistes russes.
Les Bouriates obtiennent en 1923 la création d’une République Socialiste Soviétique Autonome Bouriate-Mongole, mais sa population comprend une légère majorité de Russes.Notons que l’occupation japonaise du nord de la Chine fit apparaître de 1937 à 1945 une Mongolie intérieure autonome de tout pouvoir chinois, mais pas de Tokyo; de taille assez réduite, appelée Mengjiang, elle fut présidée par le prince Demchugdongrub.
On apprécie, outre quelques illustrations au milieu des pages de texte, les huit pages d’illustrations insérées où on voit notamment le drapeau mongol de 1911 à 1921 et un tableau mongol de Balbar Gombosüren où est représenté le Bogdo Gegeen (devenu chef symbolique de l’État) recevant les révolutionnaires mongols. Ce titre sort alors que se tient du 14 octobre 2023 au 5 mai 2024 au musée du château de Nantes l’exposition "Les Mongols et le monde".
Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations