Avis de Xirong : "Bao n'aime poing les diables d'étrangers"
Le sujet est très intéressant, la façon de le traiter est assez géniale. Il est fort dommage que la traduction nous gâche ponctuellement le plaisir et que l’auteur, parce qu’il est d’origine chinoise et né en 1973 aux USA d’un père taïwanais, se dispense d’une rigueur historique que d’autres ne se seraient pas permis. Les exemples de traduction maladroite se trouvent déjà dans le titre, dans l’histoire mondiale le mouvement antioccidental dans toutes les langues européennes qui agite la Chine vers 1900 est connu sous le nom de "Boxers". Il était donc inutile de traduire le titre anglais en "Boxeurs", par contre page 29 on est surpris de lire "le constable", certes on ne demandait pas obligatoirement "le garde-champêtre" en équivalent mais au moins quelque chose de compréhensible. Par ailleurs le codage phonétique du chinois se fait en pinyin depuis fort longtemps, on aurait donc aimé par exemple nous voir parler de la dynastie Qing plutôt que des empereurs Ch’ing.
Pour les imprécisions culturelles dues à l’auteur on relève entre autre le dessin du drapeau chinois sous la dynastie mandchoue et les Chinois musulmans du Gansu s’exprimant en arabe. Par ailleurs dans les bulles où les personnages sont censés s’exprimer en chinois, on aurait pu mettre du chinois et pas des signes de type cabalistique à la sauce de soja.
On suit dans cette BD l'histoire du Petit Bao, un garçon du nord de la province du Shandong (entre Shanghai et Pékin) qui devient un chef boxer, après avoir reçu les enseignements de Lanterne rouge ( 紅燈照 Hongdengzhao). Ce mot désigne dans cette histoire à la fois le pénom d'un personnage et les groupes de boxers combattantes, on aurait ou éviter cette homonymie. Cette BD ne le dit pas mais le slogan des Lanterne rouges était "tuer"un dragon, un tigre, et trois cents béliers." Le dragon était l'empereur, le tigre était le prince Qing, et les trois cents béliers étaient les hauts fonctionnaires du gouvernement central.
La révolte de Bao, contre le statut semi-colonial qui sévit dans la Chine de l’époque, passe entre autre par une pensée onirique s’appuyant sur des personnages de l’opéra traditionnel chinois. Il est profondément blessé de voir que les missionnaires occidentaux se rendent complices d’actes malveillants soit de Chinois se disant chrétiens soit des soldats européens venus en Chine. Le problème des famines, sans être largement développé, est présent au moment de l’entrée en scène de Lanterne rouge. L’idée très originale de Gene Luen Yang est d’avoir consacrer un second volume "Saints" commercialisé avec "Boxeurs". Dans "Saints" la révolte de l’héroïne passe par une adhésion à la religion des occidentaux ; ponctuellement le héros de chacun des deux livres rencontre l’autre.
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