Avis de Xirong : "Hong-Kong en anglais mais Xianggang pour la prononciation chinoise, soit littéralement "Port parfumé""
Il s’agit là d’un roman qui évoque un quartier de Hong-Kong aujourd’hui disparu. Si l’Empire chinois concède le "Port parfumé" aux Anglais, toutefois la citadelle de Kowloon reste sous la juridiction de l’Empire du milieu. Elle constitue une enclave et en perdant, peu à peu son aspect militaire, devient un espace d’habitations sans fondations et sans législation. Une partie de son espace tombe sous le contrôle des triades aussi « la Citadelle est devenue naturellement le foyer du péché. Quartier chaud, tripots, médecins marron, etc., dès qu’on évoquait la prostitution, les jeux d’argent illégaux, l’alcoolisme, la drogue, les gens pensaient à coup sûr à la citadelle de Kowloon » (page 25).
Toutefois habitaient là des gens qui avaient des métiers tout-à-fait honnêtes à l’intérieur ou à l’extérieur de ce quartier. C’est le cas du père de l’héroïne et narratrice qui est électricien au début du récit et gardien de temple par la suite. Les parents de cette dernière ont malheureusement fréquenté la maffia chinoise, l’une comme stripteaseuse (mais non comme prostituée) et l’autre comme consommateur de drogue (ce qui obligeait son épouse à rendre des services aux triades afin de payer les produits illicites). D’ailleurs au moment où démarre le récit en 1973, année de naissance du frère du personnage principal, le nombre de gens accrochés à l’opium ou à d’autres substances était considérable dans cette colonie britannique. Leur action de quête prenait le nom de "chasser le dragon".
Sont exposés, dans ce roman, divers aspects de la vie de la Cité des ténèbres au cours du dernier quart de siècle de son existence. Cependant le récit est porté par deux dimensions sentimentales, l’une a rapport avec la vie familiale de l’héroïne dont la mère disparaît peu après l’accouchement et l’autre est en lien avec les conséquences de l’amitié de la narratrice avec une fille de son âge nommée Lijun. En fait dans la version chinoise elle se nomme Yilan, mais son nom a été changé pour en faciliter la lecture en français, comme l’explique une note page 55. On apprécie d’ailleurs grandement que nombre de références culturelles, comme les titres d’une chanson ou d’un film soient non seulement transcrits en pinyin mais suivis d’une explication dans une note.
Le récit est en fait un puzzle, avec un aspect apparemment (mais en fait pas totalement) opaque sur les raisons de la disparition de la mère et avec une dimension petit à petit des plus en plus complexe pour ce qui touche les conséquences de l’amitié, devenue rivalité face à un garçon, entre le personnage principal et Lijun.
Alors que la cité de Hong Kong a été sous les feux de l’actualité ces deux dernières années, se rappeler un aspect spécifique de son histoire coloniale, à travers un récit captivant, s’avère des plus appropriés. L’ouvrage est bilingue et trouverait bien sa place dans tous les centres de documentation des nombreux établissements secondaires francophones où le chinois est étudié.
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https://www.lepoint.fr/monde/pres-de-11-000-hongkongais-sont-partis-vivre-a-taiwan-en-2020-un-record-03-02-2021-2412533_24.php
https://www.chine-magazine.com/hong-kong-va-reformer-sa-television-publique/
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