Avis de Adam Craponne : "Le bâton de dynamique dans le cul du nègre ce n’est pas amusant du tout, à moins de l’allumer évidemment"
Cet ouvrage est un de ceux qui heureusement contribuent à mieux connaître l’histoire coloniale de la France et il faut rendre hommage à l’éditeur L’Harmattan pour cette possibilité qu’il offre à des historiens africains de faire connaître leur vision des choses. Il est toutefois dommage qu’une de fois de plus la carte du pays dont il est question soit trop petite, ici on est dans une demi-page en hauteur alors que le choix d’une pleine page nous aurait évité l’usage de la loupe et donc permis de bien nous imprégner de la géographie de ce pays.
On apprécie beaucoup la trentaine de photographies même si elles auraient (elles aussi) gagné à être un peu plus grande et les quatre pages de repères historiques qui rapportent des évènements s’étant déroulés entre 1482 (arrivée du navigateur portugais Diego Câo) jusqu’en 1960 année de l’accession du Congo-Brazzaville (le nom officiel est République du Congo) à l’indépendance en passant évidemment par la première venue de Brazza en 1880, suivie de peu par l’arrivée de Mgr Augouard qui ne devint évêque de Sinita, encore bien plus tard, puisque seulement en 1890. Il est à noter que dans Monseigneur Augouard un poitevin roi du Congo, l’auteur Maurice Mathieu reprend, sans aucune précaution, de nombreux passages du prélat qui parle de cannibalisme dans la région du Congo afin d’obtenir des dons auprès des poitevins catholiques.
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On découvre dans la liste de tous les gouverneurs ou commissaires de l’Afrique équatoriale françaises que les deux derniers eurent pour nom Pierre Messmer et Yvon Bourges (pour ce dernier du 15 juillet 1958 au 15 août 1960). Le premier chapitre traite de la période avant 1930 analysant en particulier le poids de l’impôt, le travail forcé, le système judiciaire, le rôle des missions étrangères et les limites de la scolarisation.
Le deuxième chapitre porte sur la période de 1930 à 1960 (une erreur dans le titre parle de 1946 comme fin de la période) et pointe les actions des chefferies traditionnelles puis des chefferies administratives mises en place par le colonisateur, le contenu de la Conférence de Brazzaville tenue début 1944 afin d’envisager l’avenir des colonies françaises, l’apparition des partis politiques avec une présentation de leur leader, les nouvelles perspectives qu’offrait la loi-cadre de 1956 proposée par Gaston Deferre et la marche vers l’indépendance.
Le troisième chapitre évoque les résistances à l’administration coloniale en développant les réactions d’opposition à l’impôt et le contenu idéologique des mouvements messianiques comme le kimbanguisme, le Ngouzisme, le M’Padisme et le Matsouanisme. Le chapitre IV essaie de recenser les conséquences pour la région de la présence coloniale dans les domaines de la santé, des moyens de transport, de l’urbanisation, de l’économie, de la mortalité et de la composition de la société.
On parle aussi de l’humanisme de certains personnages comme Brazza et Angoulvant. Des pages d’un texte d’un fonctionnaire qui accompagnait Brazza en 1905 sont citées, elles sont accablantes vis-à-vis de la cruauté des compagnies concessionnaires qui se fournissent en caoutchouc. Cette mission tardive de Brazza, qui lui vaut un décès plus que suspect, fait suite au scandale provoqué par l’"aimable rigolade" du 14 juillet 1903 à Fort-Crampel où pour célébrer la fête nationale on avait fait, en guise de feu d’artifice, sauter un indigène avec de la dynamite. Notre titre reprend l'état d'esprit des instigateurs de cet acte que notre morale réprouve évidemment. Dans la conclusion, l’auteur reprend une phrase de Ngoïe-Ngala qui dit que la colonisation est venue poursuivre sous d’autres formes les désastres qu’avait apportés la traite négrière.
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Quelques illustrations