Avis de chevry : "une richesse des détails au risque de nuire à la fluidité de la lecture"
Dans sa précision à décrire les liens généalogiques et familiaux entre les différents protagonistes de ce siècle décisif pour l'histoire de l'occident, l'auteur permet au lecteur de pénétrer au plus près des problématiques de successions dynastiques, mêlant faits et anecdotes, mais au risque de brouiller la compréhension dynamique de l'histoire générale de cette période.
Pour avancer dans la lecture, on s'est souvent pris à accepter de renoncer à suivre toutes les péripéties des sagas familiales...
Qu'on ne se trompe cependant pas: cet ouvrage est le fruit d'un vaste travail de collecte d'informations et d'organisation généalogique qui fournit au lecteur un maximum d'éléments factuels et souvent inédits sur nombre de points essentiels pour appréhender cette période: la chronologie détaillée, les généalogies ou liens entre les acteurs des pouvoirs en place, l'évolution législative, les stratégies militaires.
A souligner en particulier la description des liens tribaux ou familiaux entre les différentes nations "barbares" et l'extrême complexité des relations entre élites de peuples qui tout à tour s'allient ou se combattent. Les récits faisant intervenir les Huns et l'Empire est à cet égard éclairant !
L'auteur a malgré tout ses préférences dans les présentations qu'il nous propose (ce qui n'est pas un défaut chez l'historien à condition de s'en expliquer) : s'il a visiblement été séduit par Galla Placidia - ce dont on ne saurait le lui reprocher - il véhicule une image de la jeune Eglise en cours d'organisation (elle n'a pas un siècle d'existence officielle) comme essentiellement cherchant à manœuvrer pour le pouvoir (il faut d'ailleurs attendre la p.85 pour que le fait chrétien apparaisse comme ayant un début importance dans la politique impériale). Au risque de partialité : pourquoi consacrer 3 pages au meurtre d'Hypathie mais 4 lignes au "brigandage d'Ephèse" qui est pourtant un tournant théologique aux conséquences importantes pour l'Eglise ? De même le conflit (politique) entre Ariens et Catholiques aurait mérité un traitement plus explicite puisque ses enjeux vont perdurer jusqu'à la période de Clovis.
A ce sujet, le lecteur pourra augmenter son érudition en particulier au travers des travaux de H-I Marrou, hélas absent de la bibliographie.
On apprécie les abondantes citations de sources anciennes essentielles, en les mentionnant explicitement : c'est assez rare d'avoir ainsi accès aux textes (Sidoine Apollinaire, Eusèbe de Césarée, code Théodosien,..) . Par contre la référence à des sources plus "modernes" pose question : Chateaubriand, Le Nain de Tillemont (mort en .. 1698), des romans ou même le cinema (note 60).
Le dernier chapitre (XVII) offre une synthèse bienvenue des grandes questions posées par ce siècle qui voit la chute d'un empire, et propose heureusement au lecteur quelques points de vue qui introduisent la nouvelle civilisation naissante.
Terminons en soulignant la pertinence d'avoir valorisé l'influence du climat dans le cours des nombreux événements de la période : de la part d'un membre du CA de Météo France, on ne pouvait avoir meilleur expert !
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