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Domitien un empereur controversé

Domitien un empereur controversé
Academia 190 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Une réhabilitation du Néron chauve tirée par les cheveux?"

L’éditeur Academia (diffusé par L’Harmattan) fait l’effort de proposer régulièrement des ouvrages sur l’histoire romaine qui abordent un aspect particulier ou un personnage connu. Basés sur une réelle recherche et un souci de synthèse, tout en étant d’un contenu abordable par un grand nombre, ils permettent toujours de réviser la vision traditionnelle que l’on se faisait du sujet. Ce n'est donc jamais de faibles arguments qui portent ce livre mais une solide argumentation.

Domitien dans l’historiographie traditionnelle apparaît « comme un tyran misanthrope, un empereur inflexible dénué de compétence et un général incapable » ou « un monstre pervers, narcissique et  paranoïaque ». Toutefois certains auteurs lui ont reconnu des capacités comme celles de contenir les barbares et d’administrer avec rigueur.

Domitien est le dernier des trois flaviens qui sont empereurs, après qu’une année de guerre civile ait suivi la mort de Néron en 68 après Jésus-Christ. Christophe Burgeon commence par évoquer les jeunes années de Domitien en trois chapitres qui courent de 51 (date de sa naissance) à 81 (année où il devient empereur).  Son père est Vespasien et il succède à son frère Titus qui meurt de façon inattendue (peut-être de la peste) durant un voyage vers les territoires sabins ; ce dernier n’a été empereur que moins de 2 ans et 3 mois.

Domitien est empereur de 81 à 96, aussi certains lecteurs iront spontanément voir ce qu’on dit des chrétiens sous son règne.  Il semblerait qu’en matière de persécutions les aristocrates et les philosophes stoïciens aient eu autant à souffrir sous son règne que les juifs et les chrétiens. Les Romains ne faisaient pas encore vraiment la différence entre ces deux groupes qui ne révéraient qu’un seul dieu. L’impôt du didrachme est imposé de versement aux juifs où qu’ils résident dans l’Empire, cet argent revient au Temple de Jérusalem (page 152). Il est à distinguer de cette taxe annuelle qu’est le fiscus iudaicus qui est une mesure discriminatoire, visant à punir les sentiments nationaux et religieux des Juifs pour s'être opposés à Rome lors de la Grande Révolte (de 66 à 73 après Jésus-Christ). C’est l’empereur Vespasien qui est à l’origine de cette taxe, elle est un frein au développement du judaïsme ; en cas de doute sur la qualité de juif, c’est l’examen par une autorité de la circoncision ou de son absence qui est une preuve. Paul de Tarse ou saint Paul (mort vers 67 à Rome) avait réitéré l’idée du caractère non chrétien de la circoncision, aussi les chrétiens ne peuvent être assimilés aux juifs à cette époque si on veut leur imposer cet impôt.   

Des membres de la famille impériale deviennent chrétiens et ces derniers subissent des arrestations. L’auteur parle de répression et non de persécution des chrétiens, concrètement quelle est exactement la différence en fin de règne ? En tout cas des apostasies eurent lieu dans les quatre dernières années du règne de Donatien et il est possible que l’écriture dans l’île de Patmos, à cette époque, de L’Apocalypse de saint Jean par Jean le Presbytre (originaire de la communauté johannique d'Éphèse) ait un lien avec les mesures prises par les Romains contre les chrétiens.

Minerve au dos d'une monnaie de ce règne (image absente du livre)

Christophe Burgeon réfléchit aussi sur l’administration de l’empire, la divinisation de l’empereur, la restauration de la religion romaine traditionnelle (en particulier en faisant frapper des monnaies à l’effigie de dieux latins), la restauration de la moralité, les fêtes et les jeux, la littéraure et l’histoire (reconstituant les bibliothèques de Rome dont la plupart des ouvrages avaient disparus lors de les incendies de Rome  en 64 et 80), l’Italie et les provinces, l’économie et la numismatique, l’armée à la veille des campagnes militaires, la conquête de la Calédonie par Cnaeus Julius Agricola (avec un retrait derrière le mur d’Adrien après 87), la frontière du Rhin, les limites de l'empire marquées par le Danube (les Daces se mesurent aux armées romaines puis deviennent un allié de Rome), les campagnes de Domitien en Asie (contre les Parthes) et en Afrique (au sud de la grande Syrte, c’est-à-dire dans la Lybie actuelle), la personnalité de Domitien (y compris sa vie privée), les diverses conspirations contre lui, la période de terreur.

Surnommé en fin de règne "le Néron chauve", Domitien craint d’être assassiné ; il avait prévu une purge et écrit les noms des futures victimes. Cette liste fut connue et cela provoqua le complot ; il est assassiné par des serviteurs de membres de la cour impériale. Notons que le Sénat condamne la mémoire de Domitien à l'oubli ; ce qui se traduit par la fonte des pièces de monnaie où son portrait et son nom apparaissent, la démolition de ses arcs de triomphe sont abattus et l’effacement de son nom de tous les textes officiels. Trois cartes géographiques nous sont offertes, par contre l'index annoncé est absent.  

Pour connaisseurs Peu d'illustrations

Adam Craponne

Note globale :

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