Avis de le club du roman historique : "Bien"
Le narrateur se plonge alors dans ses souvenirs pour nous raconter tout un pan de l'histoire romaine, depuis la fin de règne de Tibère jusqu'à l'accession au pouvoir de Claude. Nous suivons ainsi Caligula depuis son enfance jusqu'à l'âge adulte, un homme qui aurait pu être un grand empereur si les conditions le lui avaient permis. Mais les temps étaient difficiles et les relations au sein de la famille impériale n'étaient pas très tendres. Complots, hypocrisie, mensonges, ambition… la cour impériale était telle qu'il y avait de quoi devenir parano ! Après la mort suspecte de son père Germanicus, Caligula voit sa mère, ses frères et l'une de ses soeurs exilés grâce aux manigances du préfet du prétoire Séjan ; ils vont tous mourir dans des conditions plus que douteuses. Il échappe de peu à la mort orchestrée par Séjan grâce à sa grand-mère Antonia qui vient trouver Tibère pour le convaincre de l'innocence de Caligula. Le jeune homme qu'était Caligula a été très certainement marqué psychologiquement par toutes ces morts ; dès lors comment aurait-il pu devenir un empereur équilibré, juste, mesuré ? Sans compter qu'il était mal entouré, mal conseillé et manquait d'expérience. L'histoire n'a retenu de cet empereur que ses excès et sa démesure (relations incestueuses avec sa soeur, nomination de son cheval Incitatus comme consul...), devenant par là même l'archétype de l'empereur fou, comme le deviendra également un peu plus tard Néron. Mais les choses ne sont pas si simples !
Un bon équilibre entre fiction et réalité historique
En réussissant à marier harmonieusement sens romanesque et véracité historique, Alan Messie restitue avec brio ce climat pour le moins oppressant, dresse un portait psychologique de Caligula tout en finesse et détruit quelques clichés par la même occasion : j'ai notamment apprécié de voir enfin Livie comme un être de chair et de sang et non plus comme un être de perfection. Ici, elle n'est plus qu'une femme âgée acariâtre et dominatrice. De même, Agrippine l'Aînée, souvent présentée comme un modèle de matrone romaine, apparaît ici comme une femme si avide de pouvoir et de défendre les intérêts de ses enfants qu'elle en perd le sens des réalités et prend des risques inconsidérés, se croyant tout permis face à Tibère, incroyable par son intransigeance et son manque total de diplomatie, tout cela parce qu'elle descendait de l'illustre Auguste. Certes, on ne saura jamais de quel côté se trouve la vérité, mais il est agréable d'avoir un autre point de vue, car à force de toujours voir les personnages historiques sous le même angle, on a tendance à prendre pour argent comptant ce qu'on lit. Parfois, l'on peut regretter la part prise par le comportement psychologique des personnages sur les faits historiques et le manque de détails et de dates qui en découlent.
Un arbre généalogique bien utile
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec l'histoire romaine, l'auteur et l'éditeur ont pensé à joindre un arbre généalogique au début du roman. Très utile !
Comme d'habitude quand je lis un roman historique lié à la Rome antique, mon seul regret est d'avoir fini le livre !