Avis de le club du roman historique : "Bien"
Un roman historique, pas un roman policier !
D'après la quatrième de couverture, nous aurions affaire à un meurtre suivi d'une enquête policière : Xanthippe, c'est-à-dire madame Socrate, découvre le cadavre d'un homme sur le pas de sa porte et décide de mener l'enquête pour retrouver le meurtrier. Jusque là, tout va bien, sauf que l'enquête est vite résolue : on connaît l'identité du coupable au bout de quelques pages et celui-ci meurt quelques pages plus loin. Quid du roman policier ? Très indécise, très circonspecte, un peu décontenancée, j'ai poursuivi ma lecture sur quelques pages et, passée cette déception, je suis entrée dans un roman historique très intéressant. Je dois dire que je ne comprends pas pourquoi l'éditeur a mis en avant l'intrigue policière qui n'est qu'un prétexte pour nous introduire dans la société grecque du Ve siècle avant Jésus-Christ.
Un roman qui porte mal son nom
Avec un titre pareil, je m'attendais à découvrir une biographie romancée de Xanthippe. Que nenni ! C'est tout aussi intéressant, mais cela n'a aucun rapport : Xanthippe ne joue qu'un rôle presque secondaire dans ce roman, un peu comme les femmes à cette époque d'ailleurs. Elle est un peu le poil à gratter de Socrate et permet de faire rebondir l'histoire dès qu'elle risque de devenir trop pédagogique. Un rôle secondaire certes, mais un rôle intéressant, car nous avons le point de vue d'une femme sur la société et les moeurs grecques. C'est là qu'on voit que le statut de la femme évolue très très lentement.
Des protagonistes prestigieux
Mais qui sont alors les protagonistes principaux de ce roman ? Socrate, Alcibiade et Périclès ! Nous sommes en plein Ve siècle avant Jésus-Christ alors que la Grèce est constituée de cités-États rivales et fait face dans le même temps à la menace perse. C'est aussi la période qui voit s'affronter partisans de l'oligarchie (système politique dans lequel le pouvoir est détenu par un petit groupe d'individus qui forment une classe dominante) et partisans de la démocratie. Entrent alors en scène nos trois protagonistes, entourés de quelques autres personnages (Critias, Sophocle, Lysandre…). Ce roman déroule alors sous nos yeux l'histoire riche et complexe de ce "siècle de Périclès" à travers ces personnages : guerre du Péloponnèse, expédition désastreuse en Sicile, épidémie à Athènes, mutilation des hermès en 415 avant Jésus-Christ (énorme scandale religieux à l'époque), oligarchie des Quatre-Cents, accusation de détournement de fonds contre Périclès, exil de Phidias…
Socrate sous un autre jour
Eh oui, Socrate, réputé pour ses pensées philosophiques tournées vers la sagesse, la morale et la politique, a enseigné à moult disciples : Xénophon, Platon, Antisthène, Euclide de Mégare, mais aussi Charmide, Critias et Alcibiade, considérés tous trois comme ayant trahi la démocratie athénienne (de là peut-être l'origine de la condamnation de Socrate ?). Socrate, également conseiller de Périclès, a du mal à comprendre comment son enseignement a pu conduire ces jeunes gens à mal se conduire. Au fil du roman, on sent ses appréhensions, son angoisse et son incompréhension grandir jusqu'à sa condamnation à mort. Le roman se termine sur un portrait sans concession dressé par Diogène ; s'adressant à Platon :
"Tu consacres désormais ta vie à écrire ce que disait Socrate, n'est-ce pas ? Tu crois que tu as connu Socrate. Mais non, tu as cru connaître ce que tu voulais connaître ! Comme lui ! Tu sais ce que c'était, Socrate ? Non, tu ne le sais pas. C'était un gamin intelligent, laid et pauvre qui est tombé amoureux d'un garçon très beau, très riche et très aristocratique, Alcibiade, et qui a bâti là-dessus tout un système de représentation du monde ! L'amour révélé par les dieux et tout ça ! Et il a construit là-dessus tout un système de séduction […] oui, de séduction, reprit Diogène. Il donnait aux gens l'impression qu'ils étaient, eux, intelligents ! Antisthène l'a connu. Antisthène, c'est mon vrai maître. Lui aussi, il a été séduit par Socrate. C'était un type formidable, Antisthène. […] Il avait compris Socrate, enfin, je crois. Il m'a dit un jour : « Tu sais, c'était un sophiste sentimental. » Socrate était tellement baigné d'amour qu'il a imaginé un monde surnaturel dont la réalité terrestre ne serait qu'un reflet confus […] Puis il a compris qu'Alcibiade était un voyou et il s'est laissé condamner…" Un Socrate bien égratigné, dépoussiéré et vu à travers le prisme de l'histoire.
Deux mots-clés : philosophie et démocratie
À travers ce roman, on découvre la Grèce antique à l'âge classique, la vie quotidienne, la démocratie, son histoire, les moeurs, la pensée philosophique (Protagoras, Socrate, Platon, Antisthène), les grands auteurs (Sophocle, Euripide, Aristophane…), les personnalités politiques (Périclès, Alcibiade…), les mentalités, le rôle de la femme dans la société grecque… Car tout est lié ! La philosophie était partout et était à la base de la société grecque, mais ses bases étaient loin d'être solides. Après la lecture de ce roman, j'ai vraiment envie de me replonger dans l'histoire grecque et dans l'oeuvre des auteurs et philosophes cités dans ce roman.
Une postface bienvenue
Dans cette postface intéressante, l'auteur indique ses partis pris et précise où s'arrête la réalité et où commence la fiction.
D'après la quatrième de couverture, nous aurions affaire à un meurtre suivi d'une enquête policière : Xanthippe, c'est-à-dire madame Socrate, découvre le cadavre d'un homme sur le pas de sa porte et décide de mener l'enquête pour retrouver le meurtrier. Jusque là, tout va bien, sauf que l'enquête est vite résolue : on connaît l'identité du coupable au bout de quelques pages et celui-ci meurt quelques pages plus loin. Quid du roman policier ? Très indécise, très circonspecte, un peu décontenancée, j'ai poursuivi ma lecture sur quelques pages et, passée cette déception, je suis entrée dans un roman historique très intéressant. Je dois dire que je ne comprends pas pourquoi l'éditeur a mis en avant l'intrigue policière qui n'est qu'un prétexte pour nous introduire dans la société grecque du Ve siècle avant Jésus-Christ.
Un roman qui porte mal son nom
Avec un titre pareil, je m'attendais à découvrir une biographie romancée de Xanthippe. Que nenni ! C'est tout aussi intéressant, mais cela n'a aucun rapport : Xanthippe ne joue qu'un rôle presque secondaire dans ce roman, un peu comme les femmes à cette époque d'ailleurs. Elle est un peu le poil à gratter de Socrate et permet de faire rebondir l'histoire dès qu'elle risque de devenir trop pédagogique. Un rôle secondaire certes, mais un rôle intéressant, car nous avons le point de vue d'une femme sur la société et les moeurs grecques. C'est là qu'on voit que le statut de la femme évolue très très lentement.
Des protagonistes prestigieux
Mais qui sont alors les protagonistes principaux de ce roman ? Socrate, Alcibiade et Périclès ! Nous sommes en plein Ve siècle avant Jésus-Christ alors que la Grèce est constituée de cités-États rivales et fait face dans le même temps à la menace perse. C'est aussi la période qui voit s'affronter partisans de l'oligarchie (système politique dans lequel le pouvoir est détenu par un petit groupe d'individus qui forment une classe dominante) et partisans de la démocratie. Entrent alors en scène nos trois protagonistes, entourés de quelques autres personnages (Critias, Sophocle, Lysandre…). Ce roman déroule alors sous nos yeux l'histoire riche et complexe de ce "siècle de Périclès" à travers ces personnages : guerre du Péloponnèse, expédition désastreuse en Sicile, épidémie à Athènes, mutilation des hermès en 415 avant Jésus-Christ (énorme scandale religieux à l'époque), oligarchie des Quatre-Cents, accusation de détournement de fonds contre Périclès, exil de Phidias…
Socrate sous un autre jour
Eh oui, Socrate, réputé pour ses pensées philosophiques tournées vers la sagesse, la morale et la politique, a enseigné à moult disciples : Xénophon, Platon, Antisthène, Euclide de Mégare, mais aussi Charmide, Critias et Alcibiade, considérés tous trois comme ayant trahi la démocratie athénienne (de là peut-être l'origine de la condamnation de Socrate ?). Socrate, également conseiller de Périclès, a du mal à comprendre comment son enseignement a pu conduire ces jeunes gens à mal se conduire. Au fil du roman, on sent ses appréhensions, son angoisse et son incompréhension grandir jusqu'à sa condamnation à mort. Le roman se termine sur un portrait sans concession dressé par Diogène ; s'adressant à Platon :
"Tu consacres désormais ta vie à écrire ce que disait Socrate, n'est-ce pas ? Tu crois que tu as connu Socrate. Mais non, tu as cru connaître ce que tu voulais connaître ! Comme lui ! Tu sais ce que c'était, Socrate ? Non, tu ne le sais pas. C'était un gamin intelligent, laid et pauvre qui est tombé amoureux d'un garçon très beau, très riche et très aristocratique, Alcibiade, et qui a bâti là-dessus tout un système de représentation du monde ! L'amour révélé par les dieux et tout ça ! Et il a construit là-dessus tout un système de séduction […] oui, de séduction, reprit Diogène. Il donnait aux gens l'impression qu'ils étaient, eux, intelligents ! Antisthène l'a connu. Antisthène, c'est mon vrai maître. Lui aussi, il a été séduit par Socrate. C'était un type formidable, Antisthène. […] Il avait compris Socrate, enfin, je crois. Il m'a dit un jour : « Tu sais, c'était un sophiste sentimental. » Socrate était tellement baigné d'amour qu'il a imaginé un monde surnaturel dont la réalité terrestre ne serait qu'un reflet confus […] Puis il a compris qu'Alcibiade était un voyou et il s'est laissé condamner…" Un Socrate bien égratigné, dépoussiéré et vu à travers le prisme de l'histoire.
Deux mots-clés : philosophie et démocratie
À travers ce roman, on découvre la Grèce antique à l'âge classique, la vie quotidienne, la démocratie, son histoire, les moeurs, la pensée philosophique (Protagoras, Socrate, Platon, Antisthène), les grands auteurs (Sophocle, Euripide, Aristophane…), les personnalités politiques (Périclès, Alcibiade…), les mentalités, le rôle de la femme dans la société grecque… Car tout est lié ! La philosophie était partout et était à la base de la société grecque, mais ses bases étaient loin d'être solides. Après la lecture de ce roman, j'ai vraiment envie de me replonger dans l'histoire grecque et dans l'oeuvre des auteurs et philosophes cités dans ce roman.
Une postface bienvenue
Dans cette postface intéressante, l'auteur indique ses partis pris et précise où s'arrête la réalité et où commence la fiction.
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